ARTE, chaîne franco-allemande de la culture diffusera mardi 22 septembre 2020, à 20h50 un reportage sur la vape. Si l’ensemble du reportage n’est pas encore accessible au commun des mortels, le trailer disponible sur le site de la chaîne promet un grand moment de journalisme à charge et mensonger. Si ARTE est présentée comme la chaîne de la culture, elle semble avant tout la chaîne de la désinformation.
ARTE, “la nicotine revisitée” : un reportage qui revisitera surtout les fondements du journalisme
“Stratégies marketing douteuses, lobbying agressif… : derrière les promesses d’une cigarette électronique moins nocive, enquête sur la réalité de ce nouveau produit phare et les dangers de la nicotine.
Si le nombre de fumeurs diminue, l’industrie du tabac parvient toujours à conquérir de nouveaux marchés. Présentée comme une aide au sevrage tabagique, la cigarette électronique a la réputation d’être moins nocive que la version classique. Mais qu’en est-il vraiment ? Derrière les discours publicitaires rassurants, ce produit plébiscité, qui contient de la nicotine extraite de plants de tabac, est aujourd’hui associé à une nouvelle pathologie pulmonaire, baptisée Evali, l’acronyme de “E-cigarette, or vaping, product use associated lung injury“, signifiant pneumopathie liée à l’utilisation de produits de cigarettes électroniques ou de vapotage. Plusieurs décès sont déjà attribués à cette maladie aux États-Unis. Malgré les risques déclarés, l’industrie de la nicotine, d’un redoutable cynisme, cible dès à présent les très jeunes, dont elle s’emploie à faire les fumeurs de demain, d’autant que plus l’addiction commence tôt, plus il est compliqué de s’en défaire – une réalité connue depuis les années 1960. Marketing intense dans les pays émergents, lobbies puissants, études douteuses : les marques d’e-cigarettes disposent d’un arsenal impressionnant pour promouvoir leurs produits. Ni les procès ni les campagnes de sensibilisation ne parviennent à contrer leur offensive commerciale agressive. Banalisée à l’extrême et pourtant aussi addictive que l’héroïne, la nicotine a encore de beaux jours devant elle. “
Toutes les images éculées sur la vape sont contenues dans ce trailer mensonger censé donner le ton de ce reportage :
- le fait que la vape soit détenue et que les acteurs du marché de la vape soient de puissants lobbyistes du tabac : FAUX. En France les buralistes ne représentent que 20 % des parts de marché de la e-cigarette et dans leur immense majorité (80%) les points de vente indépendants ne distribuent pas les produits fabriqués et commercialisés par les grands cigarettiers ; en outre, il est de notoriété publique que le secteur de la vape indépendante notamment en France entretient de bien piètres relations avec l’industrie du tabac. Il suffit de visiter les sites de la Fivape (association de défense des intérêts des professionnels indépendants des métiers de la vape) pour s’en rendre compte au premier coup d’œil. La première phrase mise en exergue sur le site de la Fivape est “La Fivape est une organisation professionnelle dont les membres sont indépendants des fabricants de produits à fumer.”
- le fait que la vape soit la cause de nombreux décès par pneumopathie aux États-Unis : FAUX. Nous avons déjà publié sur le sujet plusieurs articles précisant que la FDA, organisme américain chargé de la sécurité sanitaire aux États-Unis, reconnaissait que ce n’était pas l’usage de la e-cigarette qui avait provoqué les infections pulmonaires, mais la vente au marché noir de produits contenant des huiles de THC qui en étaient responsables (lire nos articles ici et là) ;
- le fait que la vape cible les jeunes : FAUX puisque la vente d’e-cigarette aux mineurs en Europe est interdite par une directive européenne (TPD) ;
- le fait que les marques d’e-cigarettes assurent une promotion à outrance de leurs produits : FAUX puisque, là encore, la propagande ou la promotion de l’e-cigarette est interdite par la même directive européenne.
Mais comment des journalistes ont-ils pu produire un reportage autant en dehors de la réalité ? Quelles sont leurs motivations ?
Autopsie d’une enquête journaliste volontairement mensongère et éléments de contexte
Au mois de juin dernier, nous avions déjà évoqué sur notre site le fait que l’Europe souhaiterait mettre en place une taxe commune à tous les pays de l’Union européenne. Cette taxation est notamment poussée par le gouvernement allemand qui a décidé de partir en guerre contre la vape.
De plus, en août 2019, le journal allemand Der Spiegel révélait les collusions entre le laboratoire pharmaceutique Pfizer et les autorités sanitaires allemandes notamment dans le financement des campagnes antitabac en Allemagne. Rappelons que le laboratoire Pfizer est le fabricant notamment du Champix, produit concurrent à la cigarette électronique dans le domaine du sevrage tabagique. Coïncidence ?
Quelle relation avec notre reportage me direz-vous ?
ARTE est une chaîne publique franco-allemande, c’est-à-dire qu’elle est financée directement par les gouvernements français et allemands. Notre “reportage” a été réalisé par une journaliste allemande. Or, le reportage en question tombe bizarrement dans une période où il faut préparer l’opinion publique européenne à taper fort sur la e-cigarette (taxe, suppression des arômes…).
Au-delà des imprécisions mensongères que distillera ce reportage nauséabond, ce que n’a pas mesuré son auteur, ni ses commanditaires, c’est que priver les fumeurs en quête de sevrage tabagique d’un produit sûr, à l’efficacité prouvée et reconnue, ne provoquera que plus de souffrance chez les futurs ex-fumeurs. Mais pour expier ses fautes, il faut savoir souffrir me direz-vous. En est-il de même pour les journalistes ?
Christine Brassart
L’industrie du tabac est tellement puissante, avec plusieurs millions dépenses pour influencer les membres de l’assemblée européenne…. la santé n’est pas un souci pour ces industriels du tabac