Tu viens de commencer à vaper. Mais c’est chaud. Tu as du mal à te sortir la clope du crâne. On est beaucoup à être passé par là. C’était mieux avant ?
Par Rémi Duff.
C’était mieux avant ? Alors rappelle-toi :
Rappelle-toi combien il n’y a pas de réel PLAISIR à fumer une cigarette industrielle. Bien souvent, l’idée de s’en allumer une est plus agréable que de passer les 5 minutes suivantes à la griller. Combien de fois on s’est dit “j’ai trop envie d’une clope” et hop, paquet, briquet, filtre au bec et sitôt le premier centimètre carbonisé, on se rend compte que ce n’est pas une fin en soi. Ni un moyen de se réchauffer quand on se caille sous l’abribus. Ni un hobby qu’on savoure carpe diem.
Quand on clope, on pense à autre chose. On pense au travail laissé en suspens pendant la pause. À la liste des courses. À ne pas sortir de la file de gauche quand on double… Passé les 30 premières secondes, on pense à tout sauf à “je suis en train de fumer et waouh, c’est agréable !”. L’idée d’une cigarette est pour quasiment tous les fumeurs, bien plus agréable que la cigarette elle-même.
N’allons pas jusqu’à dire que fumer du tabac est désagréable. Le cerveau s’accommode de tout, même de l’odeur dans nos fringues, contrairement à nos proches non-fumeurs. On s’accommode même de cette haleine de la mort, au grand dam de nos enfants qui font la grimace, mais n’osent rien dire quand on leur fait des câlins. Ce n’est pas désagréable de cloper, c’est même fait exprès. Formule chimique de la douceur en gorge. Secret de Polichinelle. Mais la cigarette devient un automatisme, un TOC, une mécanique bien huilée qu’on lubrifie à coup de cafés et de soirées entre potes. À coup d’excuses. Un ptit chewing-gum, chéri ?
Une taffe et aussitôt l’esprit se tourne vers autre chose. C’est humain. Finalement, quand on fume, on s’injecte une dose de nicotine sans plaisir, sans même y penser.
- Arrêter de fumer, c’est dur parce qu’il nous faut cette dose de nicotine.
- Arrêter de fumer, c’est prendre sa dépendance à bras-le-corps. Et dans les gencives.
- Arrêter de fumer, c’est se faire violence, mais pas juste physiologiquement, par manque. C’est aussi bousculer de vieux réflexes.
- Car arrêter de fumer et passer à la vape, c’est balancer une grosse mandale à ces habitudes dont nos muscles ont pris le pli. Sentir son paquet dans la poche. Savoir à peu près combien il en reste et où se trouve le Bureau de Tabac le plus proche en cas de galère. Hop ! Zippo, fumée, cendrier. À défaut le trottoir fera bien l’affaire. C’est malheureusement ce qui fait la force de la combustion : c’est simple et rapide.
- Arrêter de fumer et passer à la vape, c’est comme changer de marque de téléphone. Il faut s’habituer à la nouvelle interface. On se sent un peu paumé au début. On se demande si on a bien fait, parce qu’en dépit de ses défauts, on était bien avec notre vieux Nokia. C’était plus facile.
- Arrêter de fumer et passer à la vape c’est accepter le changement et rebooter son logiciel. Erreur 404, vous n’avez plus de jus dans votre accu. Kézako ? Il faut s’activer les neurones et penser à ce qu’on fait, pendant qu’on le fait. En tout cas au début.
- Du coup, arrêter de fumer et passer à la vape, c’est chopper de nouvelles habitudes. De bons réflexes plutôt que de vieux automatismes. C’est contraindre notre attention à se focaliser sur cet objet, toujours à portée de main, qui va nous permettre d’avoir notre dose sans nous défoncer définitivement les poumons.
Bonne nouvelle
Si tu as plus de 35 ans et que tu as arrêté de convertir secrètement les euros en francs dans ta tête, il y a de l’espoir. Le cerveau s’habitue à tout, rappelle-toi. Il s’habitue même à de nouvelles habitudes. 21 jours paraît-il, avant qu’un geste répété ne devienne une habitude. Si tu penses toujours en francs, le calcul mental est ta seconde nature. Tu vas adorer la loi d’Ohm. Autre bonne nouvelle : si tu as moins de 35 ans et que pour toi les francs c’est un truc de vieux, alors tout est possible aussi. T’es encore neuf, ne t’encrasses pas la glotte.
Vaper c’est laisser le passé dans le passé. C’est décider de ne plus penser “clope”.
Passer à la vape c’est surtout une vraie démarche. C’est changer un peu de monde. Ça fout les miquettes. Ça gave. Pfff … T’inquiètes, tu ne vas pas changer de vie, mais ta vie va changer. Tu vas apprendre à voir en face ce que tu fais (et ne fais plus) à ton corps. Tu vas aussi découvrir que tu peux SAVOURER une vape sans “consumer” bêtement, par automatisme.
Il faut juste laisser faire le temps et t’habituer. Idéalement, tu t’en rends bien compte, il faudrait te forcer un peu à t’habituer. Tu en es là. C’est le plus dur.
21 jours, c’est que dalle.
Surtout que cloper c’est assez binaire : tu fumes, ou tu ne fumes pas. Vaper c’est à géométrie variable. Tu vapes, OK. Mais quoi ? Comment ? Quelle puissance ? …
Ça a l’air difficile (au début), mais beaucoup moins que tu le penses. Deux trois notions à connaître et pléthore de matos. Sans parler des arômes à découvrir. Tu n’es pas perdu, le choix c’est la vie. Tu n’es pas seul non plus. Des vapoteurs, amateurs éclairés ou professionnels, guettent dans l’ombre l’occasion de te sauter dessus pour te montrer leur beau machin-bidule high-end et te convertir un peu plus. Ils sont souvent de bons conseils. Il y en a même qui font le show sur YouTube, qui savent de quoi ils parlent et qui te font marrer. Observe, poses des questions, écoutes tout le monde, prends les conseils, absorbes, fais le tri et fais ce qui te plaît. La bonne méthode c’est celle qui te convient.
Finalement, vaper c’est choisir, pour soi-même.
Tu as choisi d’arrêter de fumer. Tu as choisi de vivre un peu plus longtemps. Si t’es malin, tu n’es plus seul à te cailler sous ton abribus avec ton paquet souple. Si t’es malin et même si t’as envie de craquer, t’es en train d’attendre au chaud dans un shop de vape.