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Pour ceux qui n’ont pas la chance de lire notre magazine papier, voici un extrait du ONESHOT MAGAZINE N°4 : “Les basiques”


Au commencement, les plantes créèrent la nicotine, un neurotoxique puissant, apaisant, stimulant ou mortel suivant la dose. Pourquoi ? Pour se protéger des attaques des insectes et des herbivores. Puis, l’homme s’en empara…

Un peu d’Histoire

Lors de sa première expédition en Amérique, en 1492, Christophe Colomb découvre le tabac et le rapporte en Europe, à la Cour espagnole et portugaise. Il est pendant longtemps utilisé comme simple plante d’ornement. Ce n’est qu’au milieu du XVIe siècle que le médecin personnel de Philippe II d’Espagne commence à le promouvoir comme « médicament universel ».

En 1559, Jean Nicot, ambassadeur de France à Lisbonne, plante dans les jardins de son ambassade quelques graines de tabac qu’il a reçues du Brésil d’un marchand flamand. En 1560, il fait parvenir à Catherine de Médicis de la poudre de tabac pour soigner les migraines de son fils François II. Le tabac est alors surnommé l’herbe à Nicot ou « herbe à la Reine ». À l’époque, le tabac se fume, mais il se prend aussi frais ou séché, en décoction, en cataplasme, en jus, en huile, en onguent ou en baume.

C’est en 1753 que le naturaliste Carl Linné choisit le nom de Jean Nicot pour nommer un genre de plantes (appelé Nicotiana) comprenant notamment Nicotiana tabacum.

La nicotine a été découverte et décrite en 1809 par le pharmacien et chimiste français Louis-Nicolas Vauquelin, puis isolée en 1828 par deux Allemands, Wilhelm Heinrich Posselt et Karl Ludwig Reimann à l’université de Heidelberg. C’est une substance présente naturellement dans la plante de tabac, mais que l’on retrouve également dans d‘autres plantes dans une bien moindre concentration (sa fonction est de protéger la plante contre les insectes).

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Effets sur l’organisme

La nicotine est une substance psychoactive que l’on qualifie d‘alcaloïde (comme la caféine, la quinine, la morphine…) qui se dégrade rapidement dans le corps. Une fois inhalée par le biais d’une cigarette, elle met quelques secondes pour arriver au cerveau et agit directement sur le système nerveux en induisant une dépendance puissante. Elle a les mêmes effets que l’adrénaline et le cortisol en provoquant une augmentation de la pression artérielle et du rythme cardiaque.

Les mauvais côtés :

La nicotine est un « stresseur » chimique. Sur le long terme, elle induit les mêmes effets et les mêmes conséquences que le stress chronique : maladies cardiovasculaires, vieillissement prématuré, hypertension artérielle, détérioration de la peau, épaississement du sang, problèmes de coagulation, troubles digestifs, maladies rénales, diabète, troubles du système immunitaire, baisse des hormones sexuelles, hypercholestérolémie, troubles de la mémoire et de l’attention, insomnie, migraines…

Les bons côtés :

Il est généralement admis qu’elle a un effet anxiolytique, antidépresseur et stimulant. Certaines études récentes démontreraient que la nicotine pourrait prévenir et traiter des maladies neurologiques (Parkinson, TOC, hyperactivité, dépression…) ou encore favoriser la concentration.

La nicotine n‘est pas cancérogène, ce qui signifie qu’elle n’est pas un facteur provoquant, aggravant ou sensibilisant l’apparition d’un cancer !

Comme nous venons de le voir, la nicotine inhalée n’a donc pas un haut facteur de risques et est loin d’être aussi nocive qu’on le croit généralement, même si ses effets ne sont pas anodins pour notre corps.

Nicotine, addiction et dépendance

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La nicotine circule dans le sang jusqu’au cerveau. Là, elle vient se loger dans le noyau accumbens du système limbique, zone clé de la sensation de plaisir. C’est à cet endroit qu’elle imite les caractéristiques de l’acétylcholine (neurotransmetteur naturel) et déclenche des effets relaxants et stimulants. De-là découlent plusieurs effets pervers :

  • La nicotine, contrairement à l’acétylcholine, n’est pas sous le contrôle du système nerveux autonome (partie qui gère les régulations de l’organisme de façon involontaire ou réflexe). Elle n’est donc pas autorégulée. Les récepteurs sont alors saturés et le corps compense ce déséquilibre en augmentant la production d’hormones stimulantes. Peu à peu le taux de nicotine baisse et les effets de relaxation apparaissent.
  • Le système nerveux autonome n’est plus le maître de la régulation des émotions, l’organisme est alors sous l’influence de la nicotine qui en a pris le contrôle.
  • La nicotine n’est pas éliminée aussi vite que l’acétylcholine et reste sur le récepteur beaucoup plus longtemps. La prise de contrôle est donc plus durable dans le temps.
  • Avec l’accoutumance croissante, les récepteurs deviennent insensibles et leur nombre augmente. L’apport de nicotine doit être augmenté pour l’obtention du même effet. Il s’opère ce qu’on appelle une “up-regulation” (régulation à la hausse).
  • Le manque. La demi-vie de la nicotine est environ de 2 heures. La demivie est la durée qu’il faut à une substance (molécule, médicament ou autre) pour perdre la moitié de son activité pharmacologique ou physiologique. Ses effets disparaissent donc assez rapidement. L’organisme dépendant ressent alors les premiers symptômes de manque : nervosité, irritation… Lorsqu’un fumeur reprend sa dose de nicotine, ces symptômes se dissipent, ce qui donne l’impression que fumer détend et décontracte. Ce qui est vicieux, c’est que la nervosité ou le stress ressenti auparavant est en fait dû à la sensation de manque.

Nicotine et nicotine

Il existe différentes sortes de nicotines. Il faut faire la distinction entre :

  • Sa forme protonée dite « liée » PH < 7 (acide).
  • Sa forme non protonée dite « libre » pH neutre ou > 7 (basique).

On l’a vu précédemment, la nicotine passe par la circulation sanguine pour être amenée jusqu’au cerveau. La membrane plasmique des cellules est formée de lipides (hydrophobe) et le milieu intracellulaire est aqueux. La molécule alcaloïde (nicotine) doit donc avoir de l’affinité à la fois pour le système aqueux et pour les lipides de la membrane cellulaire. Cette molécule « libre », plus liposoluble et hydrosoluble, se diffuse donc beaucoup plus facilement dans les cellules que la molécule « liée ».

La nicotine présente dans la fumée de cigarette est uniquement sous forme protonée et n’est absorbée que par les poumons. Cette absorption est très rapide et il ne lui faut que 7-8 secondes pour atteindre le cerveau. Ce pic de nicotine entraîne la saturation des récepteurs des neurones, leur multiplication puis leur désensibilisation, créant ainsi le besoin d’une nouvelle prise.

La nicotine fournie par les substituts nicotiniques oraux (gomme, comprimés, inhaleurs, sprays oraux) est sous forme neutre et n’est absorbée que par les muqueuses buccales. L’absorption est alors bien plus lente, avec un pic d’absorption au bout d’une dizaine de minutes. Les substituts nicotiniques (par voie orale ou cutanée) jouent sur le temps de délivrance de celle-ci dans le cerveau : plus la durée est grande, moins la dépendance est forte.

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La nicotine dans les e-liquides

En France, la réglementation impose une concentration de nicotine dans les e-liquides inférieure ou égale à 20 mg/ml. La nicotine présente dans les e-cigarettes est extraite des plants de tabac, avec une pureté supérieure à 99,8 %.

Il existe deux variantes de nicotine dans les e-liquides.

  • La nicotine classique que l’on trouve dans les e-liquides est purifiée après plusieurs traitements chimiques pour l’extraction et la purification. On obtient un PH basique (PH 8) avec un traitement à base de soude généralement. C’est donc la nicotine dite « libre », celle qui a une absorption lente par l’organisme et un « hit » bien présent.
  • Les sels de nicotine sont faits à partir de nicotine basique à laquelle on a redonné son acidité pour la rendre plus proche de la nicotine naturelle. Ils ont un de PH (5-6) équivalent à la nicotine présente dans la fumée de cigarette blonde. Pour cela, on a associé à la nicotine purifiée soit de l’acide benzoïque (controversé), soit de l’acide lactique ou de l’acide salicylique. Son absorption est plus rapide par l’organisme et son « hit » est plus doux.

Les e-liquides aux sels de nicotine peuvent être un choix pour les primo-accédants qui ont besoin de beaucoup de nicotine et qui ne supportent pas un hit trop fort, de grosses bouffées de vapeur ou ne pouvant vapoter à l’envi. Ils conviennent aussi à ceux qui consomment une trop grande quantité de liquide ou qui veulent une cigarette électronique « petit format ».

Cela peut être une alternative avant de passer ensuite au e-liquides à nicotine classique dont la forme permet un sevrage plus efficace.

Il convient donc de choisir la nicotine adaptée à ses besoins, sans oublier d’accorder son matériel à celle-ci.



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