Vapoteurs, Vapo-fumeurs, fumeurs, un point commun demeure entre eux : la NICOTINE. Cette substance psychoactive, l’une des plus addictogènes qui soient, a un rôle important dans le sevrage tabagique. Pour passer à la vape et se débarrasser définitivement du tabac, il est nécessaire d’adapter son taux de nicotine en fonction de ses besoins. Mais qu’en est-il de la capacité d’absorption de la nicotine via la cigarette électronique ? Y a-t-il une différence avec le tabac ?
Nous allons tenter de répondre à ces interrogations, à l’appui, l’étude du Dr Konstantinos Farsalinos.
Absorption de la nicotine avec la vape
Dans un premier temps, l’absorption de la nicotine sera comparée entre deux cigarettes électroniques : Cig standard V2 avec cartomiseur (dite de première génération) et une EVIC réglée à 9 watts avec atomiseur EVOD (dite de nouvelle génération).
Chaque sujet vapotera le même liquide (Max Blend, Flavourart SRL, Oleggio, Italie) au taux de nicotine égale, c’est-à-dire de 18 mg/mL. De plus, chaque participant aura pris 10 puffs en 5 minutes et après cette période, ils pourront vaper à volonté durant 60 minutes. La durée totale d’utilisation étant de 65 minutes.
Pour pouvoir évaluer la capacité d’absorption de la cigarette électronique de première génération et celle de nouvelle génération, un prélèvement sanguin sera effectué après la période de 5 minutes et toutes les 15 minutes pendant la période supplémentaire de 60 minutes. Les résultats sanguins seront affichés en ng /ml traduisant la nicotinémie (taux de nicotine dans le sang).
La différence d’absorption de la nicotine est démontrée comme suit :
La nicotinémie est significativement différente entre les deux cigarettes électroniques, mais aussi entre les points dans le temps. À 5 minutes (10 puffs), les niveaux moyens de nicotine plasmatique sont passés de 2,80 ng / ml à 4,87 ng / ml avec le dispositif de première génération, tandis qu’avec ceux de la nouvelle génération les taux sont passés de 2,46 ng / ml à 6,59 ng / ml.
Des niveaux maximaux ont été obtenus à la fin de la période d’utilisation à volonté, avec des taux atteignant respectivement 15,75 ng / ml et 23,47 ng / ml. La concentration plasmatique de la nicotine était, à 20 minutes, d’environ 70% plus élevés en utilisant la vape de nouvelle génération par rapport à la e-cig de première génération, la différence diminuant par la suite mais restant toujours à près de 50% à la fin de la période d’utilisation de la cigarette électronique.
Ces résultats permettent de conclure que l’absorption de la nicotine est plus rapide et plus importante avec l’EVIC qu’avec la V2 grâce à une puissance de délivrance de la vapeur bien plus importante.
Un constat de plus a pu être établi : le craving (envie impérieuse de consommer) a été plus rapidement soulagé via la e-cig de nouvelle génération qu’avec celle de première génération. Aussi le HIT était plus important et plus satisfaisant pour les vapoteurs utilisant l’EVIC.
Ces résultats intéressant et concluant ont poussé le Dr Konstantinos Farsalinos à les comparer avec ceux de l’absorption de la nicotine via la cigarette classique.
Absorption de la nicotine avec le tabac
Pour comparer l’absorption de la nicotine de la vape avec celle du tabac, le Dr Konstantinos Farsalinos et son équipe ont utilisé les résultats d’une étude de Vansickel et Al.
Le taux de nicotinémie en fumant une cigarette de tabac en 5 minutes est passé de 2,10 ng / ml à 18,80 ng / ml. Pour pouvoir atteindre ce taux là, avec la e-cig de nouvelle génération, il faudra attendre 35 minutes d’utilisation avec un taux de nicotine de 18mg/ml dans le e-liquide. En ce qui concerne la vape de première génération, au bout de 65 minutes d’utilisation, la nicotinémie est de 15,75 ng / ml, sois toujours inférieure à celle du tabac au bout de 5 minutes. La différence d’absorption de la nicotine entre ces trois manières d’inhaler est conséquente.
Pour une vision plus claire de ces différences, chaque protocole est représenté par une courbe dans le tableau ci-contre
La vape est sans nul doute, le seul dispositif d’administration de la nicotine qui reproduit les mouvements et les comportements du tabagisme. La dépendance au tabac englobe beaucoup de choses, comme par exemple, la partie psychocomportementale et la nicotine. Celle-ci jouant un rôle majeur dans la dépendance au tabac, par sa délivrance rapide et sa quantité importante dans la circulation sanguine. De plus, cet afflux massif de nicotine dans l’organisme rend cette substance davantage addictogène.
Lorsque des fumeurs arrêtent leur consommation de tabac et deviennent vapoteurs, la grande majorité continue de vaper des e-liquides contenant de la nicotine et cela, même après plusieurs mois d’arrêt du tabac. Par conséquent, la nicotine joue un rôle important dans le succès de la vape en tant que substitut du tabac.
La nicotine étant moins rapidement absorbée par l’organisme et en quantité plus faible via la vape, cela rendrait la dépendance moins importante.
La TPD a instauré une concentration maximale de nicotine par ml dans les e-liquides qui est de 20mg/ml. Dr Konstantinos Farsalinos et son équipe pensent que pour pouvoir atteindre la nicotinémie d’un fumeur en 5 minutes, il faudrait que les e-liquides aient une concentration en nicotine avoisinant les 50mg/ml. Cependant, un taux de nicotine aussi élevé augmenterait l’addiction à la vape mais réduirait la consommation de liquide et le temps d’utilisation de la cigarette électronique.
Pourquoi l’absorption de la nicotine est-elle plus élevée et plus rapide en fumant du tabac qu’en vapant ?
Les possibles raisons à cela pourraient être le fait que la nicotine présente dans la vapeur soit absorbée par les muqueuses buccales et non par les poumons. De ce fait l’absorption de la nicotine serait similaire à celle des autres substituts nicotiniques, comme par exemple, les gommes à mâcher. De plus, une partie de la nicotine déposée dans la muqueuse buccale doit être avalée, ce qui la transmet vers le foie et donc réduit sa disponibilité dans l’organisme. Une autre possibilité, le propylène glycol, véhicule de livraison de la nicotine pourrait interagir négativement l’absorption de celle-ci par les poumons.
Depuis quelques années, une révolution est née dans le monde de la vape : les SELS DE NICOTINE. Cette avancée majeure permettra à un grand nombre de fumeurs un sevrage plus efficace.
Les sels de nicotine
Les sels de nicotine sont la forme la plus proche de la nicotine présente dans le tabac blond. Elles se différencient de celle présente dans les e-liquides traditionnels par l’ajout un acide (acide benzoïque). En effet, la nicotine utilisée dans les e-liquides, aussi appelée nicotine base, est le point de départ pour créer les sels de nicotine. L’ajout de l’acide benzoïque va permettre de diminuer le taux de PH (qui permet d’avoir un équilibre acido-basique) et donc passer d’un PH 7 (pour la nicotine base) à un PH 5-6 (pour les sels de nicotine).
Cette diminution du taux de PH va rendre les sels de nicotine plus acide et ainsi d’obtenir un HIT moins important qu’avec la nicotine utilisée plus traditionnellement. La sensation en gorge étant moindre, cela va permettre aux vapoteurs d’utiliser des liquides plus fortement nicotinés tout en ayant le moins de désagrément possible lors de l’inhalation.
De plus, des études réalisées par PAX LABS, ont indiqué que les liquides aux sels de nicotine engendreraient une assimilation plus rapide de la nicotine.
En outre, les sels de nicotine entraînant l’inhalation de liquide fortement nicotiné (pouvant aller jusqu’à 20mg/mL en Europe) , permettrait aux primo vapoteurs de satisfaire leurs envies, mais aussi leurs besoins en taux de nicotine. Leur consommation quotidienne de liquides serait moindre ainsi que le temps d’utilisation de leur cigarette électronique. Le sevrage du tabac serait d’autant plus efficace en utilisant les sels de nicotine, de par le hit moins prononcé, mais aussi par une absorption plus rapide et donc un craving beaucoup moins important.
Une question reste en suspend : les sels de nicotine auraient-ils un potentiel addictif plus important que la nicotine traditionnelle ? Un hit moins prononcé et une absorption plus rapide peuvent faire que les consommateurs vapent davantage sans s’en rendre compte et donc augmente leur consommation de nicotine. Cependant, pour tous fumeurs voulant se sevrer, cela reste une des meilleures alternatives pour passer à la vape avec le moins de désagrément possible. Une fois le sevrage fait, une passation des sels de nicotine vers la nicotine traditionnelle peut être envisagée avec à terme une réduction du taux de nicotine.
L’utilisation de sels de nicotine est un outil qui a révolutionné le monde de la vape ainsi que le sevrage tabagique. L’important est d’adapter son taux de nicotine, son matériel, en fonction de la quantité de tabac que vous avez fumé, mais aussi d’avoir un bon accompagnement de la part de votre shop ou de votre tabacologue/addictologue.
Conclusion
L’absorption de la nicotine est moindre lorsqu’on utilise la cigarette électronique que si l’on fumait. Cette différence significative est d’autant plus majorée en fonction du matériel et de la puissance de vape. Cependant, la cigarette électronique rendrait les utilisateurs moins addicts à la nicotine que les fumeurs de tabac. Ceci s’expliquant par une capacité d’absorption moins importante et donc d’une nicotinémie plus faible. Cet écart d’absorption entre la vape et le tabac se réduit grâce à l’utilisation de sels de nicotine.
La vape permet de recréer l’univers des fumeurs de par la gestuelle, l’inhalation, le comportement, le plaisir et l’apport nicotinique. C’est ce qui rend la cigarette électronique si efficace pour lutter contre le tabagisme. Même si le taux légal de nicotine dans les e-liquides n’est pas suffisant pour avoir un apport proche de celui du tabac, une solution est possible : utiliser la vape avec un taux maximal de nicotine dans le liquide et l’associer à d’autres substituts nicotiniques tels que les patchs, les gommes à mâcher, etc. Ou alors vaper des sels de nicotine, qui eux aussi, peuvent être secondés par d’autres substituts nicotiniques. Ce qui permettra aux fumeurs de mettre un maximum de chance de leur côté pour quitter le monde du tabac.
