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Accueil / Actualité  / Cigarette électronique : entre danger ou alternative moins risquée, le Sénat a du mal à se prononcer
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La cigarette électronique peut-elle être envisagée autrement que comme un danger pour la santé ? Telle est la question qui a une nouvelle fois animé le Sénat, et plus précisément la Mission d’évaluation et de contrôle de la sécurité sociale du Sénat (MECSS) ce 27 février dernier.

Cigarette électronique et danger : nouveau débat au Sénat

La mesure avait été annoncée par l’ex-ministre de la Santé Aurélien Rousseau en novembre 2023, dans le cadre du nouveau programme national de lutte contre le tabac (PNLT) du gouvernement français : après une première hausse au 1er janvier 2024, le prix du tabac a une nouvelle fois augmenté ce 1er mars dernier, de 10 centimes à 1 euro selon les marques.

Auditionnés quelques jours avant par la Mission d’évaluation et de contrôle de la sécurité sociale du Sénat (MECSS), les industriels du tabac se sont dits inquiets des retombées sur le marché noir, qui ne cesse de prendre de l’ampleur à chaque nouvelle taxation, atteignant actuellement un niveau inédit, du jamais vu en France. Ils n’ont pas non plus manqué d’interroger l’efficacité de telles mesures répressives sur la baisse de la prévalence tabagique, qui stagne toujours à 32 % en France depuis des années.

Mais surtout, face à la volonté du gouvernement de taxer indifféremment du tabac les produits connexes sans combustion, comme la cigarette électronique et le tabac à chauffer, ils ont appelé à une remise à plat de la fiscalité, réclamant notamment une taxation plus douce pour ces dérivés. “Les produits moins nocifs devraient être moins taxés”, ont-ils martelé.

Cigarette et cigarette électronique n’impliquent pas le même danger, plaident les industriels du tabac

L’éminent docteur William Lowenstein, addictologue et président de l’association SOS Addictions le premier ne cesse de le répéter, comme lors de son interview pour le Journal Du Dimanche (JDD) ce 26 janvier dernier :

la mère de nos batailles, c’est la combustion. C’est elle qui tue, qui file les cancers et les insuffisances respiratoires. Au fond, le tabac, s’il n’était pas avec combustion, s’il n’était pas fumé, ne poserait pas les mêmes problèmes

– Dr William Lowenstein

C’est également ce que sont venus rappeler les industriels du tabac ce 27 février dernier au Sénat. Fonctionnant par vaporisation, la cigarette électronique évacue ainsi le principal danger du tabac : la combustion, émettrice de nombreuses substances toxiques et cancérigènes. C’est d’ailleurs ce qui lui a valu d’être considérée par le Royaume-Uni, pour la première fois il y a 9 ans déjà, puis chaque année depuis, comme 95 % moins risquée que la cigarette à fumer.

Plus encore, vapoter se révèle être un excellent moyen de se sevrer. En témoignent de multiples études, dont une signée par l’éminente revue systématique anglaise Cochrane en septembre 2023, et une autre, plus récente encore, publiée par le Fonds national suisse en février dernier.

C’est pourquoi la cigarette électronique, et plus largement encore, toutes les alternatives sans combustion, ne peuvent être considérées au même titre que le tabac. C’est-à-dire nocives et cancérigènes. Depuis leur apparition, ces méthodes ne déplorent aucun mort, tandis que le tabagisme continue de tuer près de 75 000 Français par an.

Mais un tel argumentaire est malheureusement loin de faire l’unanimité chez les sénateurs. D’après eux, si la cigarette électronique doit être taxée voire plus encore –, c’est principalement parce qu’elle recèle un “dangereux élément” : la nicotine.

Pour le Sénat, la nicotine de ces produits représente un danger

Encore une fois, il semble que la désinformation n’épargne ni les hautes sphères du gouvernement ni celles des professions médicales.

Aussi, pour le sénateur LR Alain Milon, médecin de profession et président de la MECSS, la nicotine n’est certes pas cancérigène “à un usage modéré” précise-t-il néanmoins, mais elle est addictive, et précisément utilisée en ce sens par l’industrie du vapotage pour attirer les jeunes vers l’addiction d’après lui.

On retrouve bien là les propos avancés par députés comme sénateurs lors du débat sur l’interdiction des cigarettes électroniques jetables “puffs”. Pourtant, lors de la présentation de la loi, Francesca Pasquini, la députée française à l’origine de la loi, avait bien précisé que « l’initiative que nous défendons aujourd’hui ne s’attaque pas aux produits de vapotage rechargeables, qui servent souvent à sortir d’une consommation du tabac ou aux nouvelles formes de délivrance nicotinique ».

M. Alain Milon ne semble donc pas de cet avis. “La nicotine entraîne des problèmes cardiaques et tensionnels importants”, affirme-t-il en ciblant les produits alternatifs, oubliant de fait un point important : la même molécule est déjà utilisée (et remboursée) depuis des années dans les substituts nicotiniques officiels, sans que cela ne pose apparemment le moindre problème !

La cigarette électronique : danger ou solution, pas de position claire de la part du Sénat

En France, institutions sanitaires comme instances gouvernementales sont tour à tour frileuses lorsqu’il s’agit de statuer véritablement sur le sort de la cigarette électronique. Tantôt, cette dernière est jugée dangereuse pour les jeunes : c’est le cas de la cigarette électronique puff, en passe d’être interdite sur le territoire français. Tantôt, elle est plutôt envisagée comme une solution viable, à faire perdurer auprès des fumeurs adultes en sevrage.

Pourtant, peu importe son nom, puff, vapoteuse, vapote, e-cigarette ou cigarette électronique, elle reste exactement la même : une alternative sans combustion, composée de la même nicotine qu’un substitut nicotinique traditionnel. Or, aucun d’entre eux ne figure parmi les produits du tabac ni n’est taxé au même titre que la cigarette parce qu’il contient de la nicotine !

C’est là que la réduction des risques doit donc entrer en compte : si taxation il y a (et il semble que nous y allons de bon pas), elle ne peut se faire sans tenir compte de la moindre dangerosité du vapotage. Sinon, comment expliquer à un fumeur devenu vapoteur qu’il a bien fait de passer à la cigarette électronique, et qu’il ne faut pas qu’il retourne vers la cigarette de tabac ? Et plus encore, comment inciter d’autres fumeurs à arrêter ?


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