Martin Hirsch, le patron de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris jette un pavé dans la mare.
Mercredi 26 janvier, Martin Hirsch, le directeur général de l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) sur le plateau de l’émission « C à vous » sur France5, relance le délicat débat des frais d’hospitalisation qui selon lui devraient être à la charge des non vaccinés lorsque ceux-ci sont admis en hospitalisation usuelle ou bien en réanimation.
Un « débat délicat ».
Alors que 4,4 millions de Français âgés de plus de 12 ans n’ont toujours pas reçu la première dose de vaccin contre le Covid-19, dont près de 2 millions de Français de 50 ans et plus, Martin Hirsch propose de faire payer les non-vaccinés, suscitant l’émoi des professionnels de santé.
« Quand un instrument de prévention gratuit, reconnu par la communauté scientifique comme quelque chose d’utile, est disponible, est-ce qu’on y renonce sans en porter aucune des conséquences ? Ou est-ce qu’on tend la main pour soigner, mais on dit qu’il n’y a aucune raison qu’il n’y ait pas de conséquences alors qu’il y en aura pour les autres patients qu’on aura du mal à soigner et qui, eux, n’y peuvent rien. » a interrogé M. Hirsch.
Cette interrogation a suscité de nombreuses critiques par les professionnels de santé.
Ainsi Robert Sebbag, infectiologue à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris (AP-HP) sur l’antenne de BFM déclarait : « …vous fumez, vous buvez, donc on ne soigne plus les cancers du poumon. Il faut faire très attention, si l’on met le doigt là-dessus, tout notre système de solidarité va disparaître ».
Mais pour le député LR du Nord Sébastien Huyghe, à l’origine d’un amendement refusé, qui prévoyait de faire payer une franchise aux non-vaccinés en cas d’hospitalisation, a réagi ainsi : « C’était une incitation financière à se faire vacciner. Le gouvernement dans le pass vaccinal l’a fait avec une mort sociale. Le but ce n’est pas de mettre sur la paille en demandant de payer 3000 euros par jour, mais d’avoir une franchise puisque vous avez fait le choix de ne pas vous faire vacciner, de participer financièrement ».
Ainsi donc, les comportements jugés à risque pour la santé devraient entrainer une prise en charge par la sécurité sociale moindre, voire inexistante, pour des malades « irresponsables » qui n’ont pas su protéger leur capital santé de par des pratiques à risque.
Pour Anne Sénéquier, médecin, co-directrice à l’Observatoire de la Santé à l’Iris, cette question posée par Martin Hirsch interroge sur la médecine préventive. « C’est celle qui marche le mieux, en investissant peu, ça peut rapporter beaucoup, mais c’est difficile à appréhender, faire un effort maintenant pour un avantage éventuel pour plus tard, sachant que sans fumer on peut avoir un cancer du poumon. », a-t-elle précisé. Une idée scandaleuse.
En France, où nous possédons un système de santé universel, nous ne sommes pas habitués à discriminer les malades selon leur revenu ou leurs comportements.
L’idée même que les frais médicaux soient à la charge du patient si celui-ci a eu des comportements à risque est scandaleuse. Si une telle idée peut voir le jour dans l’esprit de certains à propos de la Covid19 et des non-vaccinés, elle devrait alors s’étendre à tous les comportements inappropriés à votre capital santé.
Pourquoi ne pas imaginer dès lors de ne plus prendre en charge les frais médicaux liés aux accidents de ski, pour les conducteurs en infractions routières, pour les consommateurs de sodas qui favorisent le diabète ou l’obésité, l’alcool, etc. Les exemples ne manquent pas, tant la vie est une occasion de se mettre en danger.
Et évidemment les fumeurs, qui sont les premières victimes des causes de décès évitables dans l’hexagone, largement et tristement devant le nombre de victimes de la Covid.
En paraphrasant M. Hirsch : « Quand un instrument de prévention, reconnu par la communauté scientifique comme quelque chose d’utile, est disponible, est-ce qu’on y renonce sans en porter aucune des conséquences ? »
N’est-ce pas le cas de la cigarette électronique ? Et pourtant…
En opposition avec cette proposition soutenue par Martin Hirsch, imaginant de faire payer les malades qui ont ignoré les moyens de prévention à leur disposition, le dernier avis du HCSP (Haut Conseil de Santé Publique) sur les bénéfices risques de la cigarette électronique qui interdit aux praticiens de la conseiller à leurs patients, semble aller à l’encontre de la médecine préventive, soutenue par la proposition du directeur général de l’AP-HP.
L’épidémie de Covid19, semble avoir un effet encore non diagnostiqué, elle rend fou.