Dès les premières semaines de confinement, les buralistes français ont pu constater une hausse des ventes de tabac. Si cette augmentation peut paraître inquiétante, l’analyse des données relative aux pratiques d’achat de tabac par les français n’indique pas réellement une hausse du nombre de fumeurs.
Une réelle hausse du nombre de fumeurs ?
Dès le début du mois d’avril, la Confédération nationale des buralistes révélait une augmentation de 10% des ventes en France à la fin du mois de mars. Cette tendance s’est confirmée pour le mois suivant. Logista, le principal fournisseur des bureaux de tabac en France, a annoncé des ventes de cigarettes augmentant de 19 % et celles du tabac à rouler de 43 % par rapport au mois de mars.
En extrapolant les données fournies par Santé publique France de 2018, cette hausse des ventes correspondrait à 1,9 million fumeurs supplémentaires. Cependant il serait plus juste de dire qu’il y a désormais 1,9 million d’acheteurs de tabac supplémentaires. En effet, la hausse de ces chiffres correspond aux estimations des achats de produits tabagiques sur les marchés parallèles, qu’ils soient légaux (dans les pays frontaliers) ou illégaux (au marché noir).
La fermeture des frontières
L’approvisionnent des fumeurs sur les marchés parallèles est estimé à 28% en 2019 selon une enquête du cabinet d’expertise KPMG. Ce qui correspond à la hausse globale des produits du tabac de ces dernières semaines qui est d’environ 24%. La fermeture des frontières est la raison majeure de cette explosion des ventes. Dans un premier temps, ces restrictions de circulation limitent l’approvisionnement des marchés illégaux. Or, ces réseaux représentaient 14,8 % des ventes de cigarettes en France en 2018.
De plus, elles empêchent un grand nombre de personnes d’aller acheter leur tabac chez nos voisins.
En effet, dans les départements frontaliers avec des pays de l’Union européenne où le coût du tabac est inférieur à celui pratiqué en France, les ventes ont augmenté de façon spectaculaire. Par exemple, à la frontière avec l’Espagne, les ventes de cigarettes ont progressé de 45 % et de 73 % pour le tabac à rouler. Même constations à la frontière Belge où, selon le fabricant Imperial Tobacco, la vente de tabac à rouler aurait également progressé de plus de 70% dès la deuxième semaine de confinement.
Conclusion
Contrairement à ce que l’on pourrait penser au premier abord, ni le stress lié au Covid-19, ni le confinement individuel, ni le rôle protecteur de la nicotine ne sont à l’origine de l’augmentation de la fréquentation des bureaux de tabac. La situation actuelle met simplement en évidence le nombre de fumeurs se fournissant habituellement en cigarettes hors des points de vente officiels.