L’agence nationale de santé publique a publié les résultats de son baromètre sur le tabagisme passif. Il regroupe les données d’une enquête menée entre 2017 et 2018 sur les fréquences des expositions des non-fumeurs aux fumées de tabac à l’intérieur des locaux sur le lieu de travail et au domicile.
Ce que dit la loi
Pour rappel, la Loi Évin a été adoptée en 2007. Cette loi a pour but de lutter contre les méfaits du tabac en limitant les lieux d’expositions à la fumée de cigarette. Il est donc interdit de fumer :
- – Dans tous espaces publics fermés ou couverts accueillant du public et/ou étant un lieu de travail.
- – Dans les transports en commun, dans les établissements hospitaliers ou de santé.
- – Dans l’ensemble des établissements scolaires qu’ils soient publics ou privés.
Cette loi a ensuite été étendue aux aires de jeux pour enfants et aux voitures en présence d’un mineur.
Une exposition en hausse dans la sphère professionnelle
Il est donc surprenant de voir que selon ce baromètre, en 2017, encore 15,7 % des personnes exerçant une activité professionnelle déclarent avoir été exposées à la fumée de tabac des autres au cours des 30 derniers jours à l’intérieur des locaux sur leur lieu de travail. Ces chiffres montrent par ailleurs que ces expositions varient fortement en fonction du milieu social. Ainsi les ouvriers sont quatre fois plus nombreux (27,4 %) que les cadres et professions intellectuelles (6,4 %) à subir ces nuisances.
La réduction du tabagisme passif au domicile est plus marquée, passant de 27,5 % en 2014 à 17,6 % en 2018, qu’il soit dû à des fumeurs réguliers (de 19,4 % à 12,5 %) ou ponctuels (de 8,1 % à 5,1 %). Ces résultats soulignent une baisse significative parmi les fumeurs quotidiens dont la fréquence du tabagisme au domicile a diminué de 14 % entre 2014 (52 %) et 2018 (37,9 %). On observe également ce phénomène chez les fumeurs vivant dans un foyer avec un enfant où la fréquence a été divisée par deux entre 2014 et 2018, passant de 31,6 % à 14,4 %.
Les vapoteurs sont encore plus concernés
Les vapoteurs sont particulièrement concernés par ces expositions. En plus d’être intégrés aux statistiques, nous partageons très souvent les mêmes espaces dédiés initialement aux fumeurs. Nous subissons malgré nous les 7000 substances chimiques, dont on sait qu’au moins 250 sont nocives et au moins 69 cancérogènes. De plus, ces expositions sont unilatérales. En effet, à ce jour, aucune étude n’a démontré que le vapotage passif présente le moindre risque.
Le problème se pose également pour les personnes désirant sortir du tabac grâce à la cigarette électronique. Se retrouver plusieurs fois par jour, parfois dans des espaces confinés, entouré de fumeurs est loin d’être un cadre idyllique dans le processus de sevrage. L’interdiction de la cigarette dans les lieux publics est par conséquent une aide appréciée, mais qui nécessiterait toutefois d’être approfondie afin de prendre en considération le vapotage.
Cette réglementation avait permis de diviser par quatre l’exposition des non-fumeurs sur leur lieu de travail, passant de 41 % en 2006 à 14 % en 2012. Cependant, il semble qu’elle montre ses limites puisque ces chiffres sont repartis à la hausse ces dernières années (+1,7 % entre 2012 et 2017). Les résultats sur le tabagisme passif au sein du domicile sont plus réconfortants avec une baisse de 10 % entre 2014 et 2018.