Comme les fantômes ou les OVNI, certains sont persuadés qu’ils existent… Malgré le manque de preuves, les témoignages douteux, peu importe, la toile fourmille d’articles relatant leurs existences. Il en est de même avec certaines « études » anti-vape, relayées sans aucune vérification, ni précaution, présentées comme des vérités irréfutables aux lecteurs par des rédacteurs en quête de sensationnalisme… tentant de convaincre un monde incrédule que le cauchemar a déjà commencé…
AVC et cigarette électronique : Les faits.
Un communiqué de presse, daté du 8 novembre 2021 de l’Association of Heart American (AHA) annonce qu’une “étude”, sera présentée à un colloque, et fera état de ses résultats démontrant que : « les jeunes fumeurs de cigarettes électroniques ont un risque accru d’accidents vasculaires cérébraux (AVC) par rapport à ceux qui consomment du tabac avec des cigarettes traditionnelles.. »
La nouvelle est reprise sans discernement, ni vérifications par certains médias, à l’instar du site « Pourquoi Docteur » qui publie le 11 novembre un article relayant les propos du communiqué avec un titre sans complaisance : « Cigarette électronique : des risques plus précoces d’AVC qu’avec la cigarette classique. »
Entre temps, le communiqué a été retiré et sa présentation au colloque annulée. Un nouveau communiqué de l’AHA spécifiant : « Cette étude ne sera plus présentée aux Sessions scientifiques 2021. Malheureusement, les chercheurs n’ont pas pu terminer leur présentation. »
Et pour cause, cette étude n’a pas été validée par ses pairs, et a même provoqué un tollé au sein de la communauté scientifique quant à la méthodologie et conclusion qu’elle présentait.
Les réactions de scientifiques réputés au communiqué avant sa rétractation par l’AHA ont été nombreux…
Réactions de la communauté scientifique.
Ainsi le Pr John Britton, professeur émérite d’épidémiologie à l’Université de Nottingham, déclarait : « Cette découverte, si elle est vraie, serait intéressante, mais n’enlève rien au fait que les vapoteurs de cette étude étaient globalement moins susceptibles d’avoir des accidents vasculaires cérébraux que ceux qui ont continué à fumer. Sans un examen plus approfondi des conclusions, ce qui n’est pas possible étant donné la nature préliminaire de ce rapport, il n’est pas possible de déterminer si cette conclusion est d’une quelconque importance ».
La Dr Jamie Hartmann-Boyce, Center for Evidence-Based Medicine, Université d’Oxford précisant que : « Nous n’avons pas beaucoup de détails sur cette étude, car elle n’a pas encore été publiée dans une revue à comité de lecture. Cela signifie qu’il est difficile de dire à quel point les résultats sont fiables. Nous ne savons pas si et comment les chercheurs ont pris en compte d’autres facteurs importants, tels que les problèmes de santé qui ont pu amener les gens à passer du tabagisme à l’utilisation du vapotage, et peuvent également les avoir rendus plus susceptibles d’avoir un accident vasculaire cérébral plus tôt. Nous ne savons pas non plus comment l’âge a été pris en compte, car l’utilisation de la vape est généralement plus courante chez les jeunes. »
La Dr Hartmann-Boyce précisant : « Cette étude, pour laquelle on n’a qu’un résumé de conférence, rapporte que les adultes qui utilisaient le vapotage auraient un risque 15 % plus élevé d’avoir un accident vasculaire cérébral à un plus jeune âge, par rapport aux adultes qui fumaient des cigarettes traditionnelles. Bien que cela puisse sonner l’alarme, il y a certaines choses importantes à garder à l’esprit. Les AVC étaient encore beaucoup plus fréquents chez les personnes qui fumaient des cigarettes que chez les personnes utilisant la vape. Les personnes qui fumaient des cigarettes étaient plus de 6 fois plus susceptibles d’avoir un accident vasculaire cérébral que les personnes qui utilisaient le vapotage. »
Le Pr Paul Aveyard, professeur de médecine comportementale à l’Université d’Oxford, déclarait quant à lui : « Ce communiqué de presse pourrait également et précisément être intitulé’ les utilisateurs de vape sont six fois moins susceptibles d’avoir un accident vasculaire cérébral que les fumeurs de cigarettes traditionnels’. Comme le communiqué le souligne, “les AVC étaient beaucoup plus fréquents chez les fumeurs de cigarettes traditionnels que les utilisateurs de vapotage ou les personnes qui utilisaient les deux : 6,75 % contre 1,09 % et 3,72 %, respectivement. Ce qu’ils semblent avoir trouvé, c’est ce que nous appelons la modification de l’effet, par laquelle alors que les utilisateurs de vape étaient globalement à risque beaucoup plus faible, il y aurait des éléments d’un risque plus élevé chez les plus jeunes (et en conséquence, il doit être vrai qu’il y avait un risque plus faible à âges plus avancés). L’interprétation de cette recherche se heurte à plusieurs difficultés. Cela compare les personnes qui utilisent la vape à celles qui n’en utilisent pas et essaie de déduire que l’utilisation de vape entraîne ces différences de risque. Une autre explication tout aussi possible est que les gens font d’autres choses qui les exposent à un risque plus ou moins élevé. Il n’y a pas d’hypothèse biologiquement plausible qui pourrait expliquer comment le vapotage pourrait augmenter le risque d’accident vasculaire cérébral à un jeune âge, mais le diminuer dans les groupes plus âgés. Il est fort possible que ce soit une découverte fortuite. Il est également important de souligner que l’AVC est principalement une maladie qui affecte les personnes âgées, où le risque chez les utilisateurs de vapotage était plus faible que chez les fumeurs de cigarettes. Si nous devions croire comme les auteurs que le vapotage affecte le risque d’accident vasculaire cérébral, alors dans l’ensemble, une personne qui doit choisir entre fumer et vapoter serait mieux avisée de passer au vapotage et cela est susceptible d’être vrai, quel que soit l’âge de cette personne. Arrêter de fumer et de vapoter est le meilleur choix pour la santé, passer au vapotage le deuxième meilleur choix et continuer à fumer le pire, cette maxime reste vraie ».
La Dr Leonie Brose, National Addiction Centre, King’s College London rapportait quant à elle : « Il est difficile de commenter sans en savoir plus sur l’analyse ; cependant, pour autant que je sache, l’enquête qu’ils ont utilisée est une enquête transversale. Cela signifie que les répondants ont eu un accident vasculaire cérébral dans le passé (peut-être des années avant de remplir le sondage) et qu’ils utilisaient le vapotage ou fumaient au moment du sondage. Au moins certains des accidents vasculaires cérébraux se seraient donc produits avant l’utilisation de la vape. Les accidents vasculaires cérébraux n’auraient alors pas pu être causés ou rendus plus probables par l’utilisation du vapotage. Il se peut également que les gens soient passés à la vape après un AVC pour réduire le risque d’AVC dû au tabagisme, ce qui expliquerait l’association entre un AVC passé et l’utilisation actuelle de vapotage… »
Et ceux ne sont que quelques-unes des réactions provoquées par ce communiqué avant son retrait… Rappelant les commentaires sur l’étude Glantz qui concluait elle aussi sur les risque accrus d’AVC pour les utilisateurs de la vape… Étude qui en son temps avait elle aussi avait été retirée. Cette nouvelle étude faisant la même erreur d’interprétation des données, ignorant le fait que la plupart des vapoteurs avaient eu leur infarctus avant de commencer à vapoter.
Sources : Vapolitique “FAKENEWS – Les scientifiques réagissent à la pseudo-étude sur les AVC chez les vapoteurs, rétractée par l’AHA, mais diffusée par les médias“
Le mal est fait… et perdure.
Malgré le fait que ce communiqué est été retiré et que cette pseudo étude soit vilipendée par des scientifiques bien plus réputés que ceux qui signaient ce document, aucune réaction, ni repenti de la part des médias qui avaient publié cette « information ».
Il est toujours possible de lire sur le site « Pourquoi docteur » :
Ne doutons pas que bien que n’ayant jamais été publiée, cette étude continuera à hanter la toile et qu’elle resurgira régulièrement pour effrayer d’infortunés lecteurs, ignorants du discrédit dont cette pseudo enquête à été le sujet.
Il ne nous vient qu’une seule question : ” Heu… Pourquoi docteur ? “