C’est une bien mauvaise nouvelle qui nous parvient de Libération et qui prend sa source chez Euronews : mardi 17 septembre 2024, la Commission européenne aurait en effet soumis un nouveau projet à l’Europe, visant à interdire le tabagisme, mais aussi le vapotage, dans les espaces publics extérieurs et semi-extérieurs. Explications.
Un projet d’interdiction du tabagisme dans les espaces publics extérieurs élargi au vapotage
La Commission européenne semble avant tout la vendre comme une mesure antitabac, mais les produits nicotinés sans combustion n’y échappent pourtant pas. C’est ce que nous apprennent malheureusement les deux articles parus ces derniers jours dans Euronews [1] et Libération [2] sur ce mystérieux projet en cours, qui aurait fuité des bancs de l’Europe.
Dans le cadre du plan européen contre le cancer, qui vise le même objectif que celui concernant la “génération sans tabac”, c’est-à-dire réduire au maximum le tabagisme d’ici les prochaines années, l’organe exécutif de l’Union européenne en appellerait en effet à renforcer les mesures contre la cigarette, et surtout, contre le tabagisme passif.
Pour ce faire, recommande-t-il, l’Europe doit sans attendre élargir la liste des lieux d’interdiction concernés, mais également y inclure d’autres produits alternatifs, comme les dispositifs de cigarette électronique.
Qu’importe, apparemment, que ces derniers ne soient pas directement concernés, puisque ne fonctionnent pas par combustion, et donc, ne délivrent aucune fumée. Qu’importe également, comme le souligne le document de la Commission, “qu’ils contiennent de la nicotine ou non”…
Quels sont les lieux concernés ?
À l’heure actuelle, en France par exemple, seuls certains lieux sont concernés par une interdiction de vapoter.
C’est le cas des lieux collectifs de travail sans accueil du public, des Centres de Formation des Apprentis (CFA), des établissements d’enseignement publics ou privés et de tous ceux destinés à accueillir des mineurs.
Ailleurs (établissements de santé, restaurants, cafés, parcs…), l’interdiction n’est pas une obligation, mais dépend du responsable des lieux – qui, bien souvent, l’applique également.
C’est à cela que la Commission européenne souhaiterait désormais remédier, en poussant l’interdiction jusqu’aux terrasses des restaurants, des bars et des cafés, jusqu’aux arrêts de bus et même jusqu’aux espaces extérieurs liés aux lieux de travail ou encore aux établissements collectifs et de santé (abords d’hôpitaux, de maisons de retraite, terrains de jeux, zoos…).
Quelles conséquences ?
Si une telle interdiction venait à être approuvée par l’Union européenne, le tabagisme se ferait effectivement de plus en plus rare dans les lieux publics. Mais cela ne veut pas forcément dire qu’il n’existerait plus.
Ce faisant, l’Europe se risquerait surtout à déplacer le problème d’une sphère à l’autre : de l’extérieur au domicile. Renforçant de fait et paradoxalement la dangerosité du tabagisme passif, qui se passera alors à l’abri des regards et de la loi.
Car il ne faudrait pas l’oublier : lorsque l’on parle d’addiction, l’interdiction a effectivement ses limites. D’autant plus lorsque l’on ne fait plus la différence entre le problème (la combustion) et ses solutions (tout produit sans combustion).
Aussi, si l’Europe valide l’interdiction, et l’applique mêmement aux produits alternatifs nicotinés sans combustion, le résultat ne pourrait être que pire encore.
En excluant seulement le tabagisme, elle aurait potentiellement permis aux fumeurs de trouver une motivation de plus à s’essayer à ces méthodes sans fumée, tout en protégeant les non-fumeurs des risques du tabagisme passif.
En revanche, en envisageant d’inclure tout produit alternatif à la nicotine, dont le vapotage, l’Europe ne fait que confirmer son incapacité à comprendre et à entendre les véritables enjeux de la lutte antitabagique mondiale. Elle joue le jeu de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et de la désinformation plutôt que de s’appuyer sur les recommandations de la Science, des professionnels de terrain et des anciens fumeurs eux-mêmes, qui témoignent tous de l’importance de privilégier la prévention et la réduction des risques, en apportant soutien et reconnaissance à ces produits alternatifs sans fumée !
Sources
[1] Exclusif : l’Europe veut interdire de fumer et de vapoter dans les espaces extérieurs (projet fuité), Euronews, 16 septembre 2024
[2] Fin de la cigarette sur les terrasses des bars ou devant les bureaux : la Commission européenne publie de nouvelles recommandations contre le tabagisme, Libération, 17 septembre 2024