« Les politiques publiques sont un peu partout hostiles à la vape. On fait perdre des chances précieuses aux fumeurs. On se trompe de combat », déplore l’éminent professeur de santé publique Antoine Flahault. Invité à témoigner ce lundi 8 janvier 2024 sur BFMTV, l’ancien directeur de l’École des Hautes études en santé publique (EHESP) n’a pas mâché ses mots. Pour lui, la France doit rapidement changer de cap. « La vape est l’un des meilleurs moyens de quitter la cigarette », défend-il.
La vape est une solution, non une ennemie, défend Antoine Flahault
À l’instar de bien d’autres de ces collègues médecins, qui n’ont de cesse de demander une véritable politique de réduction des risques en France, le Pr. Antoine Flahault partage le même constat : « On se trompe de combat quand on combat la vape ».
Ancien interne des hôpitaux de Paris, Antoine Flahault est docteur en médecine et en biomathématiques. Après avoir dirigé l’École française des Hautes études en santé publique (EHESP) de 2007 à 2012, il est depuis 2014 professeur à la faculté de médecine de l’université de Genève et directeur fondateur de l’Institut de santé globale.
Très actif sur les réseaux sociaux, il a notamment plaidé en faveur de la cigarette électronique, le 1er janvier 2024, à travers une série de posts sur X (anciennement Twitter)*.
S’inscrivant à contre-courant du prochain programme de lutte contre le tabac (PNLT) du gouvernement français, qui inquiète à juste titre tous les défenseurs de la vape, la prise de position du Pr. Flahault n’a apparemment pas échappé à BFMTV.
Invité à l’antenne de BFMTV ce lundi 8 janvier 2024 au matin, lors d’une première édition consacrée au vapotage (1), le médecin en a donc profité pour alerter une nouvelle fois sur l’incohérence de mesures répressives contre la vape, sous couvert de protection de la jeunesse et de lutte contre le tabac.
Son message : n’oublions pas le véritable ennemi. Pour combattre les dangers du tabagisme, il faut prendre en compte toutes les stratégies qui permettent de réduire le risque. Et la vape est bien l’une d’entre elles, si ce n’est la meilleure d’après la dernière étude Cochrane !
Prenons exemple sur les bons élèves, plaide le médecin
Pour saisir l’importance d’une véritable politique de réduction des risques via la vape et les nouveaux produits alternatifs à la nicotine, il suffit de bien observer les pays voisins, nous dit l’ancien directeur de l’EHESP.
Au Royaume-Uni comme en Nouvelle-Zélande, de telles politiques de promotion du vapotage ont déjà fait leurs preuves.
En Suède encore, les résultats sont là. Profondément ancrés dans la culture du pays, les produits sans combustion comme le snus, ou plus récemment les sachets de nicotine, lui ont permis d’éradiquer presque entièrement le tabac fumé. De tous les états membres, la Suède est ainsi le seul à avoir atteint l’objectif de 5 % de fumeurs ou moins fixé par l’Union européenne. Ce, avec 17 ans d’avance et alors même que le prix du paquet de tabac est le plus bas de Scandinavie !
Pendant ce temps-là, en France, on s’obstine à suivre les recommandations d’une Organisation mondiale de la santé qu’on sait pourtant profondément antivape et à s’inscrire dans la continuité de pays tels que l’Australie ou les États-Unis, ceux-là mêmes qui voient leur prévalence tabagique augmenter à force de se tromper d’ennemi !
En désapprouvant ces nouvelles alternatives à grands coups de désinformation, tout en continuant de promouvoir exclusivement les thérapies de substitution nicotinique (TSN), la France ne fait pourtant que se tirer une balle dans le pied.
N’oublions pas que la vape reste le mode de sevrage préféré des Français d’après l’Institut français d’opinion publique (IFOP) et que, contrairement à ce que continuent de penser 9 Français sur 10, la nicotine n’est en rien nocive pour la santé. Si elle est effectivement addictive, à l’instar de la caféine, elle reste « l’une des moins dangereuses », rappelle le Pr. Flahault lors de son interview sur BFMTV. « D’ailleurs, les médecins la recommandent depuis très longtemps sous forme de patchs ou de gommes sans saveurs. Alors que la vape, c’est la même chose, mais c’est plus agréable, c’est tout », pointe-t-il très justement.
« Les adolescents ont quelque part déclassé la cigarette. Et ça, c’est une très bonne nouvelle », estime le Pr. Flahault
Comme l’on pouvait s’y attendre, le Pr. Flahault n’a pas échappé à la sempiternelle question du danger du vapotage chez les jeunes, très appréciée des médias.
Profitant habilement de l’occasion, le médecin s’est évertué à dépassionner le débat. Il rappelle : la théorie de l’effet passerelle, qui définit le vapotage comme une redoutable porte d’entrée vers le tabagisme, est une crainte, non un fait. Partout où la pratique de la vape chez les jeunes est étudiée, les chercheurs observent plutôt l’exact inverse : un effet barrière (2).
En se tournant vers la vape,« les adolescents ont quelque part déclassé la cigarette », ils s’en sont éloignés, explique Antoine Flahault sur BFMTV. Aussi, comment ne pas y voir une très bonne nouvelle ?
Au regard de ces faits, cet expert en santé publique voit l’interdiction prochaine des puffs en France comme le parfait exemple de l’erreur de combat que commet le gouvernement. « Il est quand même incroyable d’interdire les puffs (cigarettes électroniques jetables) et de laisser sur le marché des cigarettes dont on sait qu’elles sont autrement plus nocives pour la santé. Par ailleurs, la prohibition s’est souvent avérée contre-productive dans le passé », écrit-il en commentaire de l’une de ses publications du 1er janvier 2024 sur l’effet passerelle, avant de le rappeler au micro de BFMTV ce 8 janvier dernier.
En effet, que dire du marché noir des puffs, qui prend déjà de l’ampleur dans le pays, alors même que la mesure n’est pas officiellement adoptée ?!
De l’intervention du Dr. Flahault sur BFMTV, ce lundi 8 janvier 2024, le gouvernement français aurait donc bien des choses à en retenir. Espérons seulement que ses mots ne soient pas voués à être tout simplement ignorés…
Merci à lui !
Pour faire le point : retrouvez les 7 posts d’Antoine Flahault sur la vape
Sources :
(1) « On se trompe de combat » : un médecin déplore les discours opposés à la cigarette électronique, BFMTV, 8 janvier 2024 [consulté le 9 janvier 2024]. URL : https://www.bfmtv.com/sante/on-se-trompe-de-combat-un-medecin-deplore-les-discours-opposes-a-la-cigarette-electronique_AV-202401080326.html
(2) Voir notamment :
– l’étude du NIHR, l’Institut national de recherche britannique sur la santé et les soins (2023) : https://www.jesuisvapoteur.org/vapoter-ne-conduit-pas-a-fumer-une-nouvelle-etude-refute-leffet-passerelle/
– l’enquête chronologique de Cristine D. Delnevo et Andrea C. Villanti aux États-Unis (1991-2022) : https://www.jesuisvapoteur.org/effet-passerelle-nexiste-pas-selon-une-etude-americaine/
– l’enquête de l’Institut national du cancer (INCa) et l’Institut pour la recherche en santé publique (IRESP) dans le département de la Loire, en France (2018-2020) : https://www.jesuisvapoteur.org/france-aucun-effet-passerelle-observe-dans-la-loire/
– l’étude systématique du Pr. Bertrand Dautzenberg et all. (2023) : https://www.jesuisvapoteur.org/stop-aux-etudes-mensongeres-sur-leffet-passerelle-des-experts-francais-refutent-23-publications/