Depuis le 31 octobre 2023, les arômes sont interdits au Québec. Pourtant, ils n’ont pas disparu. Redoublant d’ingéniosité pour faire perdurer leur commerce, certains vape-shops ont réussi à contourner le flavor ban en transformant quelque peu leur activité.
Flavor ban : quand le Québec dit non aux arômes
Au 1er novembre 2023, au Québec, les vapoteurs ont vu leurs arômes préférés prohibés. Seule saveur officiellement autorisée désormais : le goût tabac.
À cette interdiction des arômes s’ajoute une limitation de la concentration maximale de nicotine autorisée, comme de la capacité maximale des réservoirs et des cartouches, et l’obligation d’inscrire certaines mentions sur les produits du vapotage.
Si Christian Dubé, le ministre de la Santé québécois, y voit une bonne manière de protéger la jeunesse, bon nombre d’acteurs de la vape et de professionnels de santé ne cessent encore d’alerter. Pour eux, de telles restrictions vont seulement conduire à une recrudescence du tabagisme, comme cela a été démontré aux États-Unis notamment.
Pour s’éviter une telle issue, les vapoteurs québécois ont chacun leur stratégie. Certains puisent par exemple dans leurs stocks personnels pour continuer de vapoter leur arôme favori le plus longtemps possible. D’autres passent désormais par Ontario, qui n’a pas opté pour le bannissement des arômes. Et d’autres, encore, continuent tout simplement de se rendre dans leur boutique de vape habituelle, quelque peu métamorphosée depuis, afin d’acheter des produits d’un nouveau genre…
… les vape-shops s’adaptent !
Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour que les boutiques de vape trouvent et exploitent les zones grises de cette loi. Quelques jours à peine après l’interdiction des arômes autres que tabac, plusieurs vape-shops ont ainsi fait peau neuve.
Pour éviter de mettre la clé sous la porte et continuer à vendre des produits aromatisés pour cigarette électronique, des enseignes ont revu leur modèle d’affaires, se transformant en « dépanneurs », ces petits commerces aux horaires d’ouverture étendus, qui proposent tout type de produit de consommation courante, dont de l’alimentaire.
Leurs présentoirs, exclusivement garnis de produits du vapotage jusque-là, font maintenant place à des articles en tout genre, des bonbons aux bougies.
Bien moins visibles, les produits du vapotage sont encore là. Et, pour remplacer les concentrés d’arômes et les e-liquides aromatisés, ces vape-shops proposent désormais des « flavor shots » ou « drop shots », des saveurs dites artificielles, classées comme produits alimentaires et vendues comme des « rehausseurs de saveur » pour des recettes ou des cocktails, mais qui visent surtout à être mélangées dans du e-liquide, à la manière du Do It Yourself (DIY).
Au Québec, la vape semble ainsi avoir fait un bond en arrière dans le temps. Comme aux débuts du DIY, les groupes de vapoteurs échangent sur les réseaux sociaux afin de déterminer les meilleurs « flavor shots » qui viendront remplacer leurs anciennes saveurs préférées, tout en partageant astuces et conseils pour doser et effectuer leurs nouveaux mélanges maison.
Un dangereux contournement ?
Autant dire que ce contournement n’est pas au goût du gouvernement. « C’est très préoccupant, déclare le cabinet du ministre de la Santé québécois. La loi est claire : il n’est plus permis de vendre tout produit destiné à être fumé ou à être vapoté contenant une saveur autre que du tabac. Tout le monde doit suivre la loi. Nous devons tous avoir à cœur la santé de nos jeunes. C’est pour eux qu’on le fait ».
Or, pour le moment, le Québec semble dans l’impasse. Considérés comme des arômes alimentaires, ces nouveaux produits ne sont pas spécifiquement destinés aux cigarettes électroniques. Qui plus est, en changeant leur modèle d’affaires, les boutiques de vapotage (qui ne pouvaient avant pas vendre de tels produits) sont désormais légalement en mesure de le faire.
Pour Valérie Gallant, la présidente de la Coalition des droits des vapoteurs du Québec (CDVQ), un tel contournement était à prévoir. Elle redoute néanmoins que cela invite certains à créer de dangereux mélanges : « c’est génial pour les vapoteurs qui vont pouvoir continuer à avoir des produits aromatisés, indique-t-elle. Ma crainte, c’est que ça envoie comme message qu’on peut mettre n’importe quoi ».
Quoi qu’il en soit, les vapoteurs québécois l’ont bien montré : ils ne se laisseront pas retirer aussi facilement leurs arômes…
Quant à nous autres, vapoteurs français, n’oublions pas d’en tirer les bonnes leçons. N’attendons pas que le gouvernement mette en place son prochain plan antitabac 2023-2027, qui prévoit également d’engager un « travail de réflexion » autour des arômes, pour les défendre dès à présent !
Comme ne cesse de le démontrer la Science chaque année, les arômes font partie intégrante du processus d’arrêt du tabac par la vape. Ils augmentent significativement les chances de sevrage, et sans cette multiplicité de saveurs, beaucoup craignent de retomber dans les dangers du tabac !
Source : Des boutiques de vapotage se transforment pour vendre des arômes, Ici Québec, Radio-Canada, 23 novembre 2023. URL : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2029092/boutiques-vapotage-transforment-aromes