Commission Européenne, plan anti-tabac et vape… Le chemin de croix
Pendant que la Commission Européenne est censée être tout à son plan anti-cancer, les représentants de la santé publique n’en finissent plus de tergiverser : faut-il ou non développer une stratégie européenne de réduction des dommages liés au tabagisme ? Autrement dit, reconnaitre que des aides au sevrage, tel que la vape, puissent être réellement efficaces ?! La réponse est malheureusement moins évidente qu’il n’y paraît.
Point sur la vape, un de ces “nouveaux produits du tabac”
Forte de sa quinzaine d’années d’existence et à la lumière des nombreuses études dont elle a été l’objet, l’efficacité de la cigarette électronique n’est plus à démontrer. 95% moins dangereuse que le tabac, permettant au fumeur de pallier le manque tout en gardant sa gestuelle, la vape est sans nul doute la meilleure alternative à la cigarette. Et surtout un formidable outil de sevrage et de transition tabagique.
Discussions au sommet
Alors que l’Union Européenne a toujours revendiqué sa volonté de lutter contre le tabagisme responsable de 700 000 décès par an en Europe, elle semble aujourd’hui empêtrée dans des discussions sans fin.
Le sujet de la discorde ? Les acteurs de la santé publique s’interrogent sur le bien-fondé d’instaurer une stratégie européenne de réduction des dommages liés à la cigarette. Et donc de présenter “les nouveaux produits du tabac” comme limitant le tabagisme.
Une partie des députés, des médecins et scientifiques soulignent une absence de preuves sur les effets de la vape sur le long terme, et se réfugient derrière le principe de précaution.
Mauvaise foi et arguments en pagaille
Certains sont d’ores et déjà montés au créneau, afin de contrer ces interrogations qui signent, pour ainsi dire, l’abandon des fumeurs.
Parmi eux, le Dr Konstantinos Farsalinos, chargé de recherche au Centre de chirurgie cardiaque Onassis en Grèce, rappelle que le risque zéro n’existe pas : « On n’élimine pas le risque, on le réduit ». L’avocat et professeur à l’Université d’Ottawa, David Sweanor, se dit quant à lui outré car, si, depuis plus de 50 ans, on sait que le tabac est meurtrier, on sait aussi que ce n’est pas la nicotine qui est responsable, mais bien la combustion qui fait pénétrer dans les poumons les 4000 substances toxiques présentes dans la cigarette.« Et nous savons qu’il existe des moyens de procurer de la nicotine qui sont acceptables pour les consommateurs et ne nécessitent pas une inhalation de fumée […] nous savons que nous pouvons réduire le risque de près de 99 %, simplement en passant à des produits sans combustion qui respectent certaines normes de base en matière d’ingrédients », a-t-il ajouté.
Autre son de cloche du côté de l’European Network for Smoking and Tobacco Prevention : le secrétaire général, Cornel Radu-Loghin, explique que le terme de « réduction des risques » ne suffit pas et que ces produits du tabac sont tout bonnement nocifs. Il va encore plus loin en affirmant que « les nouveaux produits ne sont pas sur le marché pour aider les gens à arrêter le tabagisme traditionnel, les nouveaux produits sont là pour maintenir les affaires de l’industrie. » Et conclut que les fumeurs les consomment « uniquement dans les endroits où ils ne peuvent pas utiliser les cigarettes traditionnelles. Donc, ils ont fini par utiliser les deux ».
D’autres, telle que l’eurodéputée Maria Spyraki, plus mesurée, suggère que les nouveaux produits du tabac doivent être destinés aux « gros fumeurs » mais que « l’accès à ces produits devrait se faire dans des conditions très strictes ». Cela afin de « protéger les plus jeunes, et de ne pas créer une nouvelle génération de fumeurs avec ces nouveaux produits ».
La Commission européenne sclérosée
Si la Commission Européenne, via son plan de lutte contre le cancer, a toujours pour objectif une génération sans tabac d’ici 2040, elle n’inclut cependant pas pour le moment les nouveaux produits du tabac dans son programme.
Au contraire, elle se demande encore et toujours comment envisager ces produits, ce que confirme un fonctionnaire européen : « Toute évaluation scientifique concernant les produits nouveaux et en émergence à base de nicotine et de tabac sera soigneusement examinée ». Selon lui, cette étude devra suivre les recommandations de l’OMS, “qui met en évidence les défis liés à l’évaluation scientifique de ces produits”. Il s’agira donc, pour la Commission, de s’appuyer sur des données provenant de sources indépendantes et d’analyser les risques de double usage avec les produits du tabac classiques.
Des études bien fastidieuses, aux dires du Dr Andrzej Fal, professeur de médecine polonais, agacé que les décideurs demandent toujours plus de recherches sans vouloir les financer… Le seul moyen de se passer de la cigarette serait alors, selon lui, de parvenir à créer “une société sans tabac”, en éduquant les enfants dès le plus jeune âge. Mais en attendant, il ne voit rien d’autre que les nouveaux produits du tabac pour aider les fumeurs. Espérons qu’il sera entendu…
Entre méconnaissance du sujet, fausses allégations et principe de précaution, la Commission Européenne saura-t-elle se montrer à la hauteur des attentes des citoyens, et engager, enfin, une lutte efficace contre le véritable ennemi : le tabac ?
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