Nos 6 questions aux associations de vape est un article tiré de Oneshot Magazine #10
Les vapoteurs et les professionnels du secteur ne sont pas seuls pour défendre la vape face aux médias en mal de buzz, face aux institutions qui mélangent tabagisme et vapotage, face aux politiques qui veulent taxer ou interdire les arômes… Des associations sont là, et elles œuvrent, parfois dans l’ombre, parfois dans la lumière. Aujourd’hui, Oneshot part à leur rencontre avec son petit lot de questions !
Depuis 2016, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) était plutôt favorable à la cigarette électronique. En janvier, le HCSP a actualisé son avis en faisant machine arrière. Il met en évidence le manque de preuves scientifiques pour que les professionnels de santé puissent conseiller la vape aux fumeurs et précise que ceux-ci « se doivent d’utiliser des traitements médicamenteux ou non, ayant prouvé leur efficacité. » D’après vous, comment en est-on arrivé à un tel changement de position ?
Sur le fond, la position du HCSP sur le vapotage en tant que tel n’a pas fondamentalement changé. Cela nous a été d’ailleurs confirmé lors de nos échanges avec François Alla, le pilote du groupe de travail, qui est quelqu’un d’ouvert et qui a une vision plutôt positive du vapotage. La principale différence avec le précédent avis est l’approche qui a été faite du produit. Alors qu’en 2016, les experts du HCSP ont vu en la vape une innovation qu’il fallait traiter avec une vision prudente, ouverte et en faisant intervenir plusieurs champs de compétences, les experts de 2022 l’ont traité comme un médicament, ce qui est une erreur majeure ! Ils sont ainsi arrivés à la conclusion qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves, ou alors que la méthodologie de celles-ci n’était pas suffisamment solide. Mais cette approche “evidence-based” comprend de nombreux défauts, notamment l’inadéquation entre la méthodologie utilisée pour évaluer le vapotage, et l’usage qui en est fait par les vapoteurs. Ce biais de construction amène ainsi les études à des conclusions peu enthousiastes, ce qui a orienté les auteurs de l’avis
Une fois encore, le principe de précaution est dévoyé. Toutes les études montrent les risques mortels du tabac, mais aucune étude n’a prouvé qu’on mourait du vapotage. Après des années d’existence, nous
avons suffisamment de recul pour arbitrer entre vapotage et tabac et en finir avec ces ambiguïtés. Pour autant, le fait que le vapotage soit distinct des traitements médicamenteux est une bonne chose : c’est une raison de son succès.
Nous pensons que les intérêts politiques et financiers liés à la consommation du tabac priment sur la santé des citoyens. Il n’y a plus de débat à avoir sur les données scientifiques : Les dossiers, rapports
et études sérieuses sont à foison et montrent l’efficacité des systèmes et produits du vapotage dans leur succès et leur réussite. De plus en plus de professionnels sont sollicités pour animer des réunions auprès des médecins lors du mois sans tabac. Nous regrettons que le HCSP soit si loin de la réalité du terrain et s’enferme dans cette position fermée et frigide.
La mise à jour du rapport du HCSP est un travail indigne. La bibliographie a des lacunes inacceptables et prend en références des études rétractées. Il est inquiétant que certains passages soient du recopiage de mauvais travaux américains, ayant pour seul mérite d’avoir fait du buzz dans des médias sensationnalistes. Nous sommes d’autant plus agacés par ce triste travail que nous avions envoyé une contribution,
à la demande du HCSP, qui alertait sur la plupart des problèmes qui se trouvent dans le travail final. Il n’y a eu visiblement aucune prise en compte de notre travail ni, d’après ce que j’ai entendu, des autres contributions d’associations. Le travail du HCSP reste superficiel sans développer de vision stratégique à la hauteur de l’enjeu de santé publique face à la première cause évitable de maladies et de mortalité
prématurée. Il n’a ni la précision scientifique des rapports annuels du Public Health England, ni l’intelligence des dimensions de santé publique des travaux du Royal College of Physicians sur le sujet. Il est affligeant que le Ministère de la Santé annonce vouloir s’appuyer sur cette copie bâclée et médiocre, de l’aveu même de François Alla, le pilote de ce rapport. Dans son interview au Quotidien du Médecin, il invoque comme circonstances atténuantes le manque d’aide et de moyens pour accomplir ce travail. Nous doutons que cela puisse excuser les millions d’années de vie perdues qui suivront de la mauvaise
information des responsables de santé publique, des soignants et du public. À la lecture de son interview, on peut aussi se demander dans quelle mesure, ce qui est la principale modification avec le rapport
précédent, l’élimination du vapotage des recommandations d’accompagnement à l’arrêt tabagique aux professionnels de soins n’était pas une demande politique en vue de l’introduction de mesures difficilement conciliables telles qu’une taxation punitive contre les vapoteurs.
Dans plusieurs pays, le marché de la cigarette électronique se voit entravé soit par des « flavor ban » (interdictions d’arômes), soit par des taxes. Quel est votre avis sur ce genre de politique et pensez-vous que cela puisse se produire au niveau français ou européen ?
Nous sommes fermement opposés à ces deux politiques ! Une taxe n’aurait aucun intérêt sur le plan fiscal pour l’État car elle coûterait plus cher à récolter qu’elle ne rapporterait, et surtout, elle aurait des conséquences dévastatrices sur la santé publique puisqu’elle renverrait les vapoteurs vers la cigarette. Sur ce sujet, les exemples de nos voisins sont éclairants. Quant à l’interdiction des arômes, bien que
l’on puisse comprendre que nos responsables publics se posent la question, le moindre doute sur leur utilité pour aider les fumeurs à arrêter de fumer viendrait ouvrir la boîte de Pandore : Se poser la question de quels sont les “bons” et les “mauvais” arômes, c’est accepter leur disparition progressive puis définitive. Au niveau français, ces sujets ne sont absolument pas à l’ordre du jour et nous en sommes extrêmement satisfaits ! Cela fait maintenant près de 10 ans que la FIVAPE entretient des relations régulières avec les pouvoirs publics, et notamment ceux en charge de la santé, qui ont la main sur le vapotage. Ce travail de longue haleine a permis à la France d’être l’un des rares pays européens à voir le vapotage protégé des politiques répressives. Au niveau européen toutefois, cela est plus complexe. La moitié de nos partenaires membres de l’Union Européenne ont mis en place une taxe, et plusieurs États se posent la question des arômes. Dans ce contexte, les institutions européennes souhaitent harmoniser les législations, et le risque d’une taxe est bien réel, tout comme celui d’une interdiction partielle des arômes
France Vapotage défend ce qui fait le succès du vapotage : Substitut efficace au tabac, coût raisonnable, accessibilité à travers des circuits de distribution divers, large gamme d’arômes. Leur remise en cause serait une catastrophe en matière de santé publique et un désastre économique. À nous d’empêcher ce scénario noir. Notre message est clair : On n’atteindra pas les objectifs des plans contre le cancer sans le vapotage.
En cet instant, nul ne peut prédire le contenu exact de la révision de la TPD, mais le fait que celle-ci risque de reposer sur le rapport du Scientific Committee on Health, Environmental and Emerging Risks (SCHEER) n’est pas de bon augure.
Nous avons analysé l’impact de ces mesures à travers les 37 000 réponses à l’enquête européenne que nous avons coordonné avec l’European Tobacco Harm Reduction Advocates (ETHRA). L’entrave à l’arrêt tabagique qu’entrainerait la mise en place des taxes sur la vape est très nette. 45 % des fumeurs qui veulent arrêter de fumer déclarent être empêchés de le faire à cause du coût des produits à risque réduit dans les pays avec une taxe à plus de 2 €/10 ml d’e-liquide, contre 17 % dans les pays sans surtaxe. Dans les trois pays de l’UE – Finlande, Hongrie et Estonie – qui interdisaient déjà au moment de l’enquête (fin 2020) les arômes autres que goût cigarette, une majorité (55 %) des vapoteurs utilisent des voies alternatives au marché légal local pour obtenir des e-liquides, alors qu’ils sont moins de 1 % en France. Par ailleurs, on peut voir le « come back » du tabagisme à New York, une hausse du tabagisme adolescent à San Francisco et une étude recense une rechute tabagique de 39 % des vapoteurs au
Massachusetts depuis les interdictions d’arômes de vape et la mise en place des taxes. Malgré tous ces éléments, il y a actuellement une énorme pression de divers intérêts pour imposer une taxe punitive contre les vapoteurs et interdire des arômes au niveau de l’Union Européenne. Une révision de la directive des taxes tabac (TED) pourrait introduire une taxe européenne minimum sur la vape. Le Plan Cancer européen a mis une option pour une interdiction d’arômes de vape lors de la prochaine révision de la TPD, à l’horizon 2023 probablement. Sa formulation floue pourrait se révéler plus ou moins restrictive et en balance de la reconnaissance dans le texte du Plan Cancer de la réduction des risques pour les fumeurs qui passent à la vape.
En 2022, beaucoup de gens pensent encore que la nicotine est dangereuse, voire cancérigène. Avez-vous des actions prévues ou à mener sur ce sujet pour changer l’image de la nicotine ?
C’est effectivement un des enseignements des différentes enquêtes d’opinions menées sur la nicotine. Bien que cette méconnaissance soit nuisible au sein de l’ensemble de la population, elle est surtout très grave auprès des fumeurs : car c’est bien par la nicotine qu’ils arriveront à sortir du tabac. Aussi, notre approche et par conséquent nos actions se focalisent sur les fumeurs, et notamment ceux qui franchissent la porte de nos boutiques. Nous encourageons tous les vendeurs à tenir un discours responsable auprès des fumeurs, en déconstruisant leurs préjugés, y compris concernant la nicotine.
Ce qui tue dans la cigarette, c’est la combustion du tabac. Il n’y en a pas dans le vapotage. Quant à la nicotine, elle est nécessaire au fumeur qui cherche à arrêter. Qui imagine un instant supprimer la nicotine des substituts vendus en pharmacie ?
Ce travail doit se faire en relation avec les tabacologues, les associations et le milieu médical bien sûr. De plus en plus de boutiques travaillent avec ces personnes ressources et bien entendu, nous prônons la formation des professionnels. Être exigeant tant sur la qualité des produits que sur la professionnalisation dans le secteur est indispensable.
SOVAPE tire la sonnette d’alarme depuis longtemps sur le sujet. Nous faisons chaque année un sondage avec BVA sur la perception par les Français des risques du vapotage et de la nicotine. Les résultats montrent une détérioration très inquiétante. Il y a un véritable problème de désinformation au sujet de la nicotine, y compris en provenance d’organisations subventionnées par millions d’euros par le Ministère de la Santé. Nous réclamons depuis longtemps que la Direction Générale de la Santé (DGS) prenne ses responsabilités sur le sujet, mais à peu près rien n’est fait depuis cinq ans. À part une mise à jour bienvenue de la page sur le vapotage de Tabac Info Service, dans laquelle nous avons été impliqués.
Le CBD a fait beaucoup parler de lui depuis quelques années, pensez-vous qu’il soit un relais de croissance pour la vape ?
Le CBD, s’il est vendu sous une forme qui ne déclenche pas de combustion, constitue bien évidemment un relais de croissance pour la vape ! L’approche fondatrice de notre filière est la réduction des risques. Le CBD s’inscrit parfaitement dans la continuité de cette approche, puisqu’il offre aux fumeurs de cannabis une alternative qui les aidera à sortir de la combustion. Il revient donc à nous, fabricants et distributeurs, d’innover avec des produits du vapotage ou connexes (huiles, préparations, consommables) qui arriveront à convaincre les fumeurs de cannabis. Sur les fleurs toutefois, nous émettons une réserve : Elles finissent par être très majoritairement fumées et posent un problème de cohérence pour notre filière. Nous sommes face à nous des responsables publics qui peuvent parfois douter de notre bonne foi et qui sont fermement opposés à la vente de fleurs. Restons sur nos compétences et notre savoir-faire, ne devenons pas les buralistes de demain.
Il ne faut pas mélanger les problématiques. Nos entreprises regardent évidemment les débats autour du CBD mais ce n’est pas notre sujet aujourd’hui, alors que des projets menacent nos entreprises. N’ajoutons pas de la confusion.
Le CBD est un atout sous sa forme vaporisée et liquide. Là aussi, une connaissance pointue est nécessaire afin de vendre efficacement ce nouveau produit si complexe et intéressant.
Du point de vue de la réduction des risques, la légalisation du CBD va dans la bonne direction. Une information sur ses usages sans le fumer est importante pour réduire les risques liés à la combustion. Le vapotage est un de ces moyens, sans être le seul.
Avez-vous un avis sur le phénomène des Puffs qui semblent arriver en masse sur le marché de la cigarette électronique ?
Le phénomène des Puffs pose un vrai problème puisqu’il est, depuis l’arrivée de la vape en France, le seul à avoir congloméré contre lui une grande partie de la “galaxie vape”, y compris des professionnels de santé et experts de la vape qui en sont pourtant des défenseurs historiques. Face à l’ampleur du sujet, et notamment comptetenu des contextes américains et de certains de nos voisins européens, nous avons préféré une approche prudente et responsable : dès les premiers signes de produits illégaux vendus sur les réseaux sociaux populaires auprès des jeunes, nous avons immédiatement alerté les pouvoirs publics. Par la suite, nous avons dénoncé l’absence de contrôle de l’âge lors de la vente de ces produits, notamment dans la grande distribution ou chez les buralistes. Sur le fond toutefois, nous ne pensons pas que ce produit soit mauvais en soi. C’est d’ailleurs grâce à un produit similaire que les États-Unis vont voir apparaître une génération avec l’un des plus faibles taux de tabagisme. Mais c’est aussi à cause de cela que la vape subit des restrictions importantes qui ont détruit la filière outre-Atlantique. La Puff aurait pu être un outil de sevrage d’une efficacité remarquable, malheureusement son retour dans ce contexte lui est défavorable, et fait porter un trop gros risque sur l’ensemble de la catégorie de produit.
Le marché évolue. Ce n’est pas tant le dispositif lui-même qui est en cause, que sa production et sa promotion. Si les cigarettes électroniques jetables permettent d’amener des fumeurs jusque-là pas encore convaincus par le vapotage, pourquoi pas ? Mais si c’est un moyen d’attirer des mineurs alors c’est un « non » clair et net. Le vapotage s’adresse exclusivement aux fumeurs et anciens fumeurs adultes. Le cadre réglementaire doit être clarifié et strictement appliqué pour protéger les jeunes et les consommateurs.
Les «Puffs» peuvent être vendues en respect de la législation en vigueur : interdits aux mineurs. C’est un produit de soutien, il permet un dépannage, une entrée ou une consommation facile et ne représente pas le cœur du métier. Sa place est dans les accessoires.
Les jetables peuvent être intéressantes pour des fumeurs voulant essayer un produit facile. Cependant, elles sont coûteuses, ne donnent pas de contrôle visuel du produit au consommateur et ne présentent aucune modularité pour ajuster ou faire évoluer son usage. Et elles sont affreusement polluantes. Dans un marché sain, passé l’engouement initial lié à la curiosité, un produit aussi médiocre devrait regagner sa niche rapidement. Mais nous sommes dans un contexte où les Pays-Bas, le Danemark, la Lituanie vont s’ajouter à la Finlande, la Hongrie et l’Estonie dans la liste des pays de l’UE interdisant les arômes de vape autres que goût cigarette. Et plusieurs introductions ou augmentations des surtaxes sont programmées, en Allemagne et en Italie notamment. Cette situation malsaine pourrait profiter à un produit né pour contourner le régime de prohibition aux États-Unis. À ce titre, nous sommes stupéfaits de la campagne quasi publicitaire organisée dans les médias par des organisations subventionnées. Désormais, tous les adolescents de France sont persuadés que ces produits sont à la mode. Une telle maladresse en est presque douteuse. D’autant plus lorsque la DGS reste les bras croisés durant des mois alors qu’elle est avertie d’enfreintes à la loi de certains vendeurs de ces produits, comme l’a révélé le quotidien Libération.
Pensez-vous que les différents acteurs de défense de la vape peuvent s’unir et faire front commun pour protéger cet outil de sevrage tabagique auquel nous croyons ? Une action commune est-elle envisageable ?
Bien sûr, et c’est le cas depuis plusieurs années ! Je pense aux différents courriers aux ministres co-signés, ou encore à l’organisation d’évènements tel que le Sommet de la vape. Le dernier exemple en date étant le rapport du HCSP : AIDUCE, SOVAPE, et la FIVAPE ont toutes les trois pu fournir une contribution écrite au groupe de travail sur le vapotage. Nous échangeons régulièrement entre associations, y compris avec la Vape du Coeur que je n’oublie pas de citer. Nous avons cependant, historiquement, par construction, mais aussi par pragmatisme dans notre approche de la défense de la vape, une ligne rouge sur laquelle nous sommes tous d’accord : l’indépendance vis-à-vis de l’industrie du tabac. C’est notre meilleur argument face aux acteurs politiques, médiatiques, et de santé, qui sont légitimement méfiants des cigarettiers et de leur bonne foi.
Face à de tels enjeux, l’union n’est pas une option : c’est une absolue nécessité. La division est suicidaire pour nous tous. Nos petites querelles, souvent infondées, sont instrumentalisées par les ennemis du vapotage. Il nous faudrait déployer des actions cohérentes contre la surfiscalisation et l’interdiction des arômes, tout comme un discours commun en faveur d’un cadre réglementaire décorrélant la vape des produits du tabac, davantage protecteur des consommateurs. Notre main reste tendue, nous savons qu’un jour elle sera saisie. Le plus tôt sera le mieux, il en va du succès de la lutte contre les maladies liées au tabac et de l’avenirs.
Oui et oui. Le SIIV a toujours été en faveur d’actions communes et a pu réaliser des projets avec le soutien des autres acteurs de la filière.
Nous sommes en contact régulier avec beaucoup d’acteurs de la réduction des risques, au niveau des professionnels de santé, des scientifiques, des professionnels de la vape et des usagers. Dans les récentes initiatives collectives, on peut citer l’appel aux médecins contre le cancer et plusieurs communiqués avec l’AIDUCE, qui est également membre de l’European Tobacco Harm Reduction Advocates (ETHRA). SOVAPE a cofondé l’ETHRA en 2019 qui regroupe actuellement 25 associations européennes. Cette plateforme a publié un manifeste qui trace ses principes de base. Elle permet un échange d’informations entre les associations membres et vers le public, notamment avec un récapitulatif mensuel des nouvelles Européennes. ETHRA a permis de mener la plus grande enquête existante sur les utilisateurs de nicotine en Europe. Enfin, elle est une représentation des utilisateurs de produits nicotinés à risque réduit face aux instances européennes. Pour être honnêtes, nous avons la forte impression qu’elles ne prennent pas en considération les paroles de citoyens comme nous, et qu’elles préfèrent écouter les lobbyistes professionnels payés par des intérêts financiers et/ ou par la Commission européenne elle-même. De fait, nous avons organisé une union avec une base commune et nous prenons des initiatives. Elle se situe dans une perspective des utilisateurs de produits à risque réduit et nécessairement indépendante des intérêts financiers. Ce qui n’est pas le cas d’un grand nombre d’acteurs, y compris des organisations anti-réduction des risques. La question de la manière de soutenir de façon effective la vie associative en respectant son indépendance devrait être au cœur d’une réflexion des professionnels de la vape. Cet engagement pourrait viser à donner plus d’épaisseur à la dimension de réduction des risques aux professionnels de la vape, pour écarter le soupçon de vernis marketing que certains peuvent avoir. Le réseau de la vape a un accès privilégié à des millions d’utilisateurs, mais il me semble ne pas avoir encore pris conscience de ce pouvoir.
De mon point de vue, qui est extérieur à la vape professionnelle, développer sa propre capacité à faire réseau me semble bien plus important et potentiellement bénéfique à terme que de s’allier avec une coquille vide créée par un cigarettier. France Vapotage a démontré son incapacité à tenir ses engagements lors de l’échec de la campagne européenne «Vaping is not tobacco». Depuis sa création, cette organisation n’a rien fait qui puisse susciter un intérêt. D’autant plus qu’en ayant l’exemple suisse sous les yeux, où les élus sous l’influence des antitabac et ceux sous l’influence des cigarettiers ont voté ensemble pour une taxe sur la vape, je pense que les cigarettiers jouent toujours sur les deux tableaux. Ils ne se sont pas encore véritablement engagés. Ce qui ne permet pas de leur faire confiance quoiqu’ils promettent. De manière pragmatique, tant qu’ils sont dans cette ambivalence, une alliance avec eux semble promise à finir en baiser de mante religieuse.