“Et dans 10 ans, on fait comment ?” est un article d’anticipation fantastique imaginé par Miss Willis et tiré du Magazine Oneshot #6
2030. Le monde a sombré dans l’apocalypse. La vape est devenue illégale…
Quand on m’a demandé comment j’imaginais ma relation avec la vape dans 10 ans, j’ai clairement fait un arrêt sur image. Rien. Nada. Je ne sais pas où je vais partir cet été (si vacances il y aura), je ne peux pas dire ce que je mangerai la semaine prochaine, ni même comment je m’habillerai demain.
Alors la vape dans 10 ans, on est sur un niveau de conscience métaphysique impossible à gérer pour moi. Bref, je ne suis pas Madame Irma.
Mais compte tenu des circonstances actuelles dans lesquelles je n’aurai jamais imaginé vivre, je crois qu’on peut tout, mais vraiment tout envisager…
2030. Le monde a sombré dans l’apocalypse.
Une explosion nucléaire due à une introduction d’un pangolin (encore lui !) dans les réacteurs a détruit la moitié de la planète. S’en est suivie une crise d’une telle importance que seule une entreprise aux budgets quasi illimités a réussi à survivre. Et bien sûr dans ce monde empli de désespoir, Big Tobacco a pris le pouvoir. Ils ont la mainmise sur tout type de commerce : pharmacologie, alimentation, banques etc. La politique n’y a pas échappé puisque des dictateurs aux pouvoirs sans fin règnent sur les pays. Évidemment, tout ce qui gênait leur grosse entreprise a été éliminé. La vape est devenue illégale…
Au début de la crise, les vapoteurs étaient confiants. Même si les shops étaient quasiment tous fermés, chacun avait trouvé une combine pour faire son petit stock. En attendant que la crise passe… Forcément, impossible que ça dure à leurs yeux. Ils allaient se rebeller, et quelqu’un allait finir par céder. Mon vapoteur n’a pas dérogé à la règle. Bon, clairement, il n’avait pas besoin de faire son stock avant l’apocalypse, et fort heureusement une grande partie avait été épargnée.
Mais la vape étant devenue illégale et l’interdiction restant, le vapoto s’est organisé. Il a dû s’inventer toutes les cachettes possibles pour ranger ses liquides. Retour à la prohibition. Chez nous, les bouteilles vides de Moonshine sont devenues lieu de stockage privilégié des liquides gourmands. Personne n’est à l’abri d’un contrôle de la police pour vérifier si personne ne vape dans la maison. Et si c’est le cas, obligation de se griller une clope devant eux ! Histoire d’être sûrs que tu te remettras bien à la cigarette plutôt que d’arrêter définitivement. Le matériel en circulation se vend sous le manteau. Adieu high end et chipotage sur ton drip tip, ta box pas assez puissante, l’arôme même de ton juice. Pourvu que t’aies quelque chose à vaper !
Au bout de quelque temps, les réserves de liquide se sont taries.
Impossible de trouver quelque chose de correct à vaper. Certains se sont mis à la fabrication artisanale, mais les jus brassés avec les pieds dans une baignoire, c’était avant. Et alors que la France est occupée par Big T, dans le village de Saint-Jean de Concelles, d’irréductibles vapers résistent encore et toujours à l’envahisseur. Du fond de leur laboratoire clandestin, Lips organise la résistance. Ils poursuivent la fabrication illégale de liquides. Tout un réseau d’approvisionnement caché se construit alors. Bien évidemment, mon vapoteur décide de prendre les choses en main et s’engage comme fervent résistant à l’oppression. Il devient alors transporteur pour l’organisation. C’est une tâche difficile, la route est dangereuse. Pour l’aider dans son activité, il a décidé d’adopter une hyène. Pourquoi une hyène ? Parce ce que c’est mieux qu’un ami, ça vous protège. Il porte désormais un cache œil. Il se serait blessé ? Non, il trouve juste que ça fait un peu plus badass… La vie de vapoteur devient difficile, relève de la survie même.
Nukevapes est devenu la figure emblématique du mouvement révolutionnaire vape. Sa tête est d’ailleurs mise à prix suite à la publication de sa vidéo sur l’Allemagne. Pour assurer sa sécurité, personne, pas même les membres de Oneshot, ne connaissent son lieu de vie. Ils savent seulement qu’il s’est coupé les cheveux et ne porte plus de lunettes de soleil pour garantir son anonymat. Il est obligé d’ailleurs de changer régulièrement de cachette, pour brouiller les pistes. Quelques chanceux peuvent l’apercevoir de temps en temps chez les fabricants de matériel et de liquide clandestins.
Notre Flo a dû trouver une nouvelle activité qui lui permettrait de poursuivre la contrebande de Old Nuts. Ses énormes bénéfices engendrés par la vente de mods à 400 euros lui ont permis de bâtir un empire dont le nom était déjà prédestiné : la Pipeline E-Gasoline, vente et achat de carburants. Utile également pour ravitailler ses grosses cylindrées.
Pendant ce temps, toute l’équipe de Oneshot Media s’est mobilisée aussi dans la résistance. L’accès à internet étant devenu difficile, ils émettent sur les ondes radio. Leur radio pirate est suivie par des milliers de vapoteurs à la recherche de solutions efficaces concernant leurs difficultés dans leur vie de vaper clandestin. Ils répondent à des questions d’auditeurs du type : « Est-ce que je peux utiliser du fil de fer pour refaire mon coil ? » « Est-ce que je peux brancher ma E-cig sur la batterie de ma voiture pour la recharger ? ». Ils proposent même quelques tutos “spécial survie” du type « Recycler une boîte de conserve en E-cig ».
Un peu tiré par les cheveux tout cela me direz-vous. Quoique, imaginer mon mec en rebelle à la Mad Max me plaît somme toute pas mal. Mais malgré toute l’imagination possible et dans n’importe quel scénario, il restera toujours à mes yeux la même image de la vape. Celle d’un milieu de personnes confiantes en ce qu’elles véhiculent, qui s’adaptent à tout et qui résisteront malgré les épreuves.
Allez, le meilleur reste à venir les gars, gardons espoir. À dans 10 ans.