Découverte il y a plus d’un siècle, la nicotine est un principe actif du tabac dont les propriétés ont été adulées puis honnies par la société au cours de l’histoire. Considérée comme un produit addictif, elle fait aujourd’hui l’objet d’une chasse aux sorcières de la part des gouvernements du monde, décidés à interdire durablement et totalement le tabagisme, l’une des principales causes de décès dus aux maladies respiratoires. Dans le cadre de cette lutte, le rôle de la nicotine comme ses conséquences directes sur la santé sont cependant disputés. En effet, bon nombre de gens et d’observateurs la placent dans le même panier que les autres contenus combustibles et cancérogènes de la plante de tabac, tandis que d’autres la considèrent comme inoffensive et essentielle pour le processus de sevrage, à travers des substituts comme les patchs, les gommes et récemment les cigarettes électroniques. Pour lever le voile sur le potentiel toxique ou neutre de la nicotine, voici quelques explications qui ne manqueront pas d’éclairer votre lanterne !
Quel est le potentiel toxique de la nicotine ?
La nicotine a nécessité de nombreuses études plus approfondies avant d’être déclarée « dangereuse ». À travers son profil toxicologique, la nicotine définie par la formule C10H14N2 peut être toxique par ingestion, exposition cutanée ou par inhalation et pourrait engendrer le décès. En substance, la fiche délivrée par l’INRS (Institut national de recherche et de sécurité) mentionne une multitude de dangers allant de la toxicité chronique à la toxicité aiguë en cas de surdosage. Ceci dit, l’institut atteste qu’un manque flagrant de données et d’études ne permet pas actuellement de statuer sur l’effet cancérogène de la substance.
En d’autres termes, il est admis que la nicotine peut provoquer de simples malaises comme la mort en cas d’exposition outrancière sur le corps humain, quelle que soit la méthode adoptée (fumée, inhalée, absorbée ou ingérée). Bien évidemment, cette limite est définie et surveillée par les instances sanitaires. La littérature scientifique annonce notamment un potentiel meurtrier à partir de 70 mg/kg chez le rat.
Aujourd’hui, le standard sollicité dans le commerce du tabac, comme les e-liquides, est bien loin de ce plafond. À titre d’exemple, une cigarette libèrerait entre 1 et 3 mg de nicotine tandis qu’un e-liquide de 10 ml peut contenir une dose équivalente. Le risque de s’intoxiquer en nicotine est réel lorsqu’on dépasse les 3 à 4 paquets par jour.
Nicotine et cancer : une fausse croyance !
Longtemps associée au tabac, la nicotine s’est teinté une réputation morbide et cancérogène. En effet, peu de gens parviennent à faire la différence entre la substance et les autres (les quelque 4000 éléments dont 40 sont cancérogènes) contenus dans une cigarette.
Pour aller plus loin, il faut savoir que les produits les plus dangereux d’un tabac combustible sont :
Le goudron est un composant inéluctable de la combustion du tabac qui recèle des métaux lourds tels que le benzène, l’hydrocarbure et autres hydrocarbures qui se créent lors de la brûlure de la feuille. Il est le premier responsable de l’altération des poumons et de la dégradation des cellules internes de ces derniers.
Le monoxyde de carbone, une substance qui se forme durant la combustion du tabac et qui a la capacité de réduire le flux d’oxygène dans le sang et dans la même perspective dans les poumons.
L’acide cyanhydrique, une substance irritante et très toxique pour l’organisme et l’appareil respiratoire. L’exposition fréquente à l’acide augmente la détresse respiratoire, les nausées, les vomissements, etc.
Bien que la nicotine fasse partie de l’un des 4000 éléments présents dans le tabac, elle ne constitue pas un risque cancérogène.
Qu’elle soit inhalée, brûlée ou mise en contact sur la peau, aucune étude ne la met en relation avec le cancer.
Les e-liquides nicotinés sont-ils dangereux ?
Les cigarettes électroniques sont des dispositifs portatifs constitués de circuits électroniques mettant en relation une batterie, une puce de gestion de puissance (pour les appareils appelés mods électroniques) et une résistance. Cette dernière est mise en contact avec un e-liquide contenant du propylène glycol, de la glycérine végétale, des additifs, des arômes (alimentaires ou chimiques) et accessoirement de la nicotine… et crée la vapeur lorsqu’elle subit l’élévation de la température de la résistance.
La balance toxicologique penche en grande partie pour la cigarette traditionnelle face à la cigarette électronique qui est 95% moins toxique selon Public Health England. Étant donné que l’e-cig ne repose pas sur le principe de la combustion et ne libère pas les éléments cancérigènes inhérents au tabac, la présence de la nicotine dans certains e-liquides attise la suspicion des observateurs.
Dans un premier temps, il faut noter que la cigarette électronique est un dispositif de sevrage tabagique. En ce sens, elle sert à transposer les réflexes d’un fumeur vers une alternative moins dangereuse (à l’image d’un patch ou une gomme). Ceci dit, l’e-cig est considérée comme « La » meilleure solution en raison de son concept, sollicitant un objet qui se tient entre les mains et qui produit un aérosol (vapeur) qui simule la fumée. Pour qu’elle devienne une « véritable remplaçante à la » cigarette qui soulage les besoins du fumeur, il faut ainsi que la cigarette électronique libère de la nicotine, d’où sa catégorisation actuelle en tant que produits du tabac suivant la décision de la Réglementation Européenne sur les Produits du Tabac (TPD).
Dans un second temps, la nicotine utilisée dans la cigarette traditionnelle et la cigarette électronique sont différentes. L’une prend une forme solide et brute. L’autre est convertie en liquide et passe par un processus de purification pour écarter tous les éléments susceptibles d’engendrer des réactions chimiques dangereuses lors de la vaporisation. Côté sensation, l’effet de nicotine est rapidement perceptible avec la fumée et prend plus de temps avec la vapeur contrairement aux substituts. En substance, la nicotine fournie par les substituts nicotiniques oraux (gomme, comprimés, inhalateurs, sprays oraux) est sous forme non protonée et n’est absorbée que par les muqueuses buccales. L’absorption est alors bien plus lente, avec un pic d’absorption au bout d’une dizaine de minutes. Plus la durée d’absorption est longue, moins la dépendance est forte.
En outre, la nicotine reste une substance addictive qu’elle soit vaporisée ou fumée, raison pour laquelle les autorités interdisent aux mineurs son utilisation dans le cadre du vapotage.
Comment doser la nicotine pour réussir son sevrage tabagique ?
Au final, le caractère dangereux de la nicotine repose sur deux bases fondamentales : sa toxicité en cas d’abus et son potentiel addictif en cas de consommation non maîtrisée. Dans cette perspective, toute personne susceptible d’ingérer ou d’inhaler la nicotine doit être en mesure de contrôler son utilisation pour éviter les risques, mais surtout pour réussir un sevrage.
Lorsqu’on s’en sert comme substitut nicotinique dans un e-liquide, la nicotine liquide doit être équivalente à la nicotine fumée. L’ex-fumeur devra alors trouver la quantité qui répond à ses besoins grâce aux conseils de médecins spécialisés, d’addictologues ou tout simplement auprès des vendeurs de boutiques de cigarettes électroniques
Par la suite, le dosage doit être dégressif. S’il n’existe pas de chronogramme précis concernant la baisse du dosage, il est conseillé de procéder par une réduction de 2mg/ml à 3 mg/ml toutes les 3 semaines. Enfin, rappelons que les cigarettes électroniques et d’e-liquides contenant de la nicotine ne doivent être utilisées que dans une optique de sevrage tabagique.
Si vous ne fumez pas, ne commencez pas la vape !