Voici un article tiré de notre dossier 10 ans de Vape du ONESHOT Magazine #5. Une rétrospective sur l’évolution du métier de fabricant d’e-liquide depuis 10 ans.
De nos jours, la conception d’un e-liquide est une tâche extrêmement complexe qui requiert des compétences diverses qu’un seul homme ne peut gérer. Toute une équipe et du matériel spécifique sont nécessaires à son élaboration. Il est important de se remémorer les différentes étapes qu’a pu connaître un fabricant pour mesurer toute la complexité du travail accompli.
Par Brice Willis
Le fabricant d’e-liquide il y a 10 ans…
Faisons le voyage à bord d’une machine à remonter le temps pour aller visiter le laboratoire d’un fabricant de liquide. Nous sommes en 2010, dans une salle relativement petite et dépourvue de grosses machines. L’assemblage des arômes et bases se fait à l’aide de petites embouteilleuses et la nicotine est manipulée par des machines spécifiques à cause de sa dangerosité. La mise en bouteille est faite de manière presque artisanale. Les premiers liquides français viennent de voir le jour !
Le catalogue de ladite marque est très austère avec seulement quelques saveurs (classic, mentholés et des fruités simples). Par ailleurs, il n’est possible d’acheter des liquides que par internet puisque les premières boutiques ouvrent à peine et vendent encore des liquides chinois.
La démocratisation des boutiques et l’arrivée des équipes commerciales
Dans les années 2011-2013, la vape a connu une véritable effervescence. Des boutiques ouvraient dans les grandes villes ainsi que dans les petites agglomérations. La demande était si forte que les gens faisaient la queue jusque sur le trottoir pour acheter leur première cigarette électronique. Avec une telle demande de la part des clients, les fabricants d’ e-liquide n’ont pas eu le choix que de recruter des équipes commerciales afin d’aller proposer leurs gammes aux gérants de boutiques. Le succès de la cigarette électronique était si fort que certaines marques avaient du mal à suivre en termes de production. Les cahiers de commande étaient pleins au point que certains fabricants devaient refuser de nouveaux clients. Ceux-ci n’ont donc pas eu le choix que de commencer à investir pour augmenter leurs capacités de production. Cela s’est passé par l’achat de nouvelles embouteilleuses ainsi que des agrandissements de leurs espaces de stockage.
2014, le premier salon de la vape, le Vapexpo
L’engouement pour la vape ne cesse de croître, de nombreux fabricants français et étrangers continuent d’arriver sur le marché. Il est temps que la vape passe à la vitesse supérieure grâce à son premier salon en Europe, le Vapexpo. L’édition se déroule à Bordeaux et les fabricants comprennent qu’il est temps d’investir dans un stand afin de montrer une image à la hauteur de leur réputation. Des recrutements ont lieu afin de constituer une équipe marketing qui permettra à chaque marque de créer sa propre identité visuelle. Le salon se déroule, de nombreuses rencontres se font entre fabricants, boutiques, reviewers et clients. Cette exposition a connu un tel succès qu’une nouvelle édition du Vapexpo est déjà prévue quelques mois plus tard à Paris. Les professionnels savent maintenant qu’un tel événement s’organise longtemps à l’avance et leur demandera un budget important pour sortir le grand jeu.
Le fabricant d’e-liquide à l’approche de la TPD
L’annonce de la TPD était connue depuis de nombreuses années par tous les professionnels, mais aucune date n’avait encore été actée. En mai 2016, la TPD est finalement adoptée par la France pour une mise en application le 1er janvier 2017. Cette directive impose aux fabricants d’analyser ou faire analyser tout liquide contenant de la nicotine. Cette analyse doit être déclarée auprès de l’ANSES et renouvelée chaque année. Jusqu’à janvier 2020, ces démarches étaient payantes. Ces obligations tiennent compte des références déjà présentes au catalogue des fabricants, ainsi que les sorties futures. Les analyses et les déclarations contraignent les fabricants à supprimer certaines références de leur catalogue afin de minimiser l’impact économique sur l’entreprise. À noter que de nombreux grands laboratoires ont investi dans des spectromètres afin de réaliser eux-mêmes leurs propres analyses, ainsi que celles d’autres fabricants plus petits. Un investissement important pour se conformer à la réglementation en vigueur, qui pourtant n’a majoritairement pas été répercuté sur le prix de vente des liquides. A contrario, le 0 mg/ml n’est pas soumis à la TPD, les fabricants commencent à créer de nombreuses recettes ou déclinaisons de recettes déjà existantes au format « Shake and vape ». En parallèle, ils créent tous des « boosters » de nicotine (base 10 ml en 20 mg/ml) afin de «nicotiner» leur « Shake and vape ».
2019, la polémique américaine et la sucralose
L’année 2019 a été une période très compliquée pour la vape en général, mais les plus impactés restent les fabricants d’e-liquide. Les premiers cas de décès aux États-Unis suite la consommation d’e-liquides frelatés contenant du THC et de l’acétate de vitamine E (une huile) ont mis une inquiétude dans la tête des consommateurs mal informés. Ces derniers, influencés par les médias, n’ont pas pris le temps de comprendre d’où venait le problème et sont retournés vers le tabac qu’ils jugeaient moins dangereux… Les boutiques ont vite été impactées par la baisse d’affluence. Sans client, les boutiques ne commandent pas et les fabricants ne vendent pas, l’impact économique a été compliqué pour beaucoup d’entre eux. Quelques mois plus tard, alors que la vape se relevait seulement de la polémique américaine, un nouveau problème s’est fait connaître chez les fabricants, la sucralose. Cette molécule qui apporte aux liquides un côté sucré semble occasionner des problèmes de santé. Cependant, il est impossible de déterminer la quantité de sucralose, la périodicité de consommation ou la puissance de vaporisation qui pourraient mettre en danger la santé des vapoteurs. Dans le doute, les fabricants les plus sérieux n’ont pas hésité une seule seconde ; ils ont retiré la sucralose de toutes leurs recettes et se sont tournés vers des alternatives saines (Stévia pour Lips), tandis que d’autres l’ont tout simplement retirée des liquides.
Le fabricant d’e-liquide, toujours là…
On pourrait penser qu’il faut être masochiste pour continuer de fabriquer des e-liquides après toutes les difficultés que les fabricants ont pu rencontrer pendant ces dix dernières années. Beaucoup d’argent a dû être investi pour produire plus, mais également pour se conformer aux réglementations successives. Mais il semblerait que ces bourreaux de travail n’ont pas perdu l’espoir de voir un monde sans tabac. Ils continueront de nous surprendre avec de nouvelles créations toujours plus originales. Ils continueront de se battre pour que la qualité soit irréprochable afin de créer un monde sans fumeur pour les prochaines décennies.
Laurent
En même temps corcicavap fais ses liquides et est tout petit…