Ce n’est plus simplement une taxe qui menace les sachets de nicotine “pouches” en France, mais bel et bien une interdiction formelle. D’après la Ministre de la Santé Geneviève Darrieussecq, le gouvernement français s’apprêterait à interdire ces produits. Explications.
Une nouvelle mesure de “protection de la jeunesse”
La guerre contre les produits nicotinés s’intensifie en France.
Alors que les produits du vapotage sont la cible d’une taxe injustifiée, dénoncée par tous les experts et professionnels de santé, la Ministre de la Santé Geneviève Darrieussecq a communiqué mardi 29 octobre 2024, dans un entretien au Parisien [1], le souhait du gouvernement d’interdire les sachets de nicotine “pouches” du territoire français.
Une mesure que la ministre justifie sans trop de créativité, en usant des mêmes sempiternels arguments infondés que sont le soi-disant danger sanitaire que représentent ces produits, particulièrement chez les jeunes, et leur propension à inciter à la dépendance nicotinique et à faire entrer ses jeunes utilisateurs dans le tabagisme.
« Le risque est d’induire une dépendance à la nicotine et ensuite une entrée dans le tabagisme […] C’est pourquoi je vous annonce que le gouvernement a décidé d’interdire ces produits »
– Geneviève Darrieussecq, Ministre de la Santé française, 29 octobre 2024 au Parisien
Or, comme chacun devrait désormais le savoir, il n’en est rien.
Qu’est-ce qu’un sachet nicotiné exactement ?
Un sachet de nicotine “pouch” n’est autre qu’un petit sachet en fibre végétale, garni de nicotine et d’arômes, que l’on place sous la gencive supérieure ou inférieure de la bouche. Il ne contient pas de tabac, à l’inverse du snus, interdit en Europe. Et, en tant que produit nicotinique oral, il n’en passe ni par la combustion ni par la vaporisation, ce qui en fait un outil de réduction des risques plus sûr encore que la cigarette électronique – déjà reconnue à minima 95 % moins nocive que le tabagisme.
Comme c’est le cas pour le vapotage, aucune étude n’a jamais réussi à démontrer l’existence d’un effet passerelle vers le tabac fumé avec ce type de produit nicotiné. Au contraire, la Suède, qui est à l’origine de la création des sachets “pouches”, que ses habitants utilisent depuis des années maintenant, a récemment démontré l’importance de tels outils dans la lutte antitabagique du pays.
Grâce à eux notamment, la Suède détient actuellement le record du taux de fumeurs le plus bas du monde (quasiment 5 %), mais également celui du taux de maladies et de décès liés au tabagisme le plus bas d’Europe [2].
Aussi, lorsque la ministre se dit « très préoccupée car les centres antipoisons reçoivent de plus en plus d’appels d’adolescents pour des syndromes nicotiniques aigus parfois sévères, en lien avec la consommation des pouches. Ils se traduisent par des vomissements, des convulsions, des hypotensions voire des troubles de la conscience », précisant qu’il s’agit de « produits dangereux car ils contiennent des fortes doses de nicotine », il convient de rappeler deux choses :
- Tout sachet de nicotine est soumis à une interdiction de vente aux mineurs. Ces derniers n’ont légalement pas le droit d’y avoir accès ;
- En France, les sachets de nicotine sont également soumis aux mêmes restrictions de taux nicotinique que tous les autres produits de ce type. Achetés via des canaux légaux, il est impossible qu’ils présentent un taux dépassant les 20 mg de nicotine.
Aussi, à ce taux-là, il est étonnant d’entendre la ministre énumérer de tels symptômes, qui n’ont lieu que dans des cas d’intoxications plutôt sévères à la nicotine. Soit en ayant utilisé des pouches dépassant drastiquement les taux encadrés (ce qui n’a pu arriver qu’à travers des produits achetés illégalement au marché noir). Soit en ayant choisi d’ignorer les recommandations d’utilisation des fabricants, en cumulant notamment plusieurs pouches à la fois.
Autrement dit, ce ne sont pas les sachets nicotinés en eux-mêmes qui posent problème, mais bien leur utilisation par un public mineur et non averti et leur présence sur les marchés parallèles. Les interdire n’y mettra donc pas fin, bien au contraire.
Interdiction des sachets de nicotine en France : JeSuisVapoteur prend la parole
Comme l’indique le collectif JeSuisVapoteur dans son communiqué de presse (à retrouver en intégralité ci-après) :
« L’histoire prouve que la prohibition n’a jamais fonctionné pour les produits de consommation courante ; elle ne fait que renforcer les circuits illégaux et, dans ce cas, donnerait un avantage aux cigarettes traditionnelles, profitant indirectement au lobby du tabac »
– JeSuisVapoteur, Interdiction des sachets nicotinés : le Gouvernement complice de 70 000 morts par an, Paris, 30 octobre 2024
Le mouvement appelle ainsi la ministre et le gouvernement à s’inspirer du cas suédois en adoptant une régulation raisonnée et adaptée pour ces produits. Seule manière, pour eux, comme pour les professionnels de santé interrogés, d’offrir aux fumeurs de véritables chances d’arrêter de fumer. Sans compromettre leur sevrage et la lutte antitabagique tout entière.
Députés et élus français méritent d’être justement informés ! Rendez-vous sur jesuisvapoteur.org pour mettre fin à la désinformation sur la vape et les produits nicotinés !
Notes
[1] “C’est de notre devoir de les interdire” : les pouches, ces sachets de nicotine qui inquiètent la ministre, Le Parisien, 29 octobre 2024 [article réservé aux abonnés]
[2] Voir le rapport No Smoke Less Harm du collectif suédois Smoke Free Sweden sur jesuisvapoteur.org
