Alors que la mesure de taxe sur la vape est toujours en discussion à l’Assemblée, les experts français se mobilisent. En interviews, sur les réseaux sociaux… tous dénoncent des arguments erronés, basés sur des idées reçues depuis longtemps réfutées.
Une “mesure de santé publique” pour les députés
Des nombreux amendements déposés dans le cadre du projet de loi de finances pour 2025 du gouvernement, la taxe sur la vape est toujours à l’ordre du jour en ce 28 octobre 2024. Si bien des propositions ont été retirées ou jugées irrecevables ces derniers jours, celle-ci figurent encore parmi les mesures « à discuter » [1].
En plus de la présenter comme une solution « d’harmonisation européenne », les plus fervents défenseurs de cette taxe y voient une juste mesure de santé publique. Là pour protéger la santé des plus jeunes, en leur évitant de sombrer dans le tabagisme. C’est notamment ce qu’a défendu Eva Sas, députée française Les Verts, sur France Info le 25 octobre 2024 :
« C’est à la fois un outil de sevrage, donc ça, c’est positif, mais c’est aussi une portée d’entrée dans le tabagisme. Donc ce qui est intéressant, c’est qu’il faut avoir une fiscalité parce que, contrairement à ce que vous dites, ce n’est pas pour remplir les caisses de l’État. Au contraire, c’est pour désinciter à l’usage de ces produits-là »
– Eva Sas aux journalistes de France Info, 25 octobre 2024
Sur X (Twitter), l’élue des Verts invitait donc à soutenir cette taxe « pour désinciter à cette pratique nocive et financer les coûts liés au tabagisme » comme le font les autres pays européens. En appelant tout de même à une fiscalité moindre.
Des arguments loin de convaincre les experts en santé publique, bien au fait des conclusions scientifiques et des répercussions observées dans les pays taxeurs voisins.
Une “aberration de santé publique” pour les experts
Pour le professeur Antoine Flahault, éminent épidémiologiste français, « la députée @_EvaSas se trompe: Il n’y a pas de donnée scientifique convaincante soutenant que le vapotage serait une porte d’entrée vers le tabagisme. Au contraire aux USA, les jeunes vapotent davantage et fument de moins en moins, ce qui est unique dans les annales du pays ».
Pour preuve, l’expert en santé publique joint à son tweet les données recueillies par la National Youth Tobacco Survey, l’enquête officielle menée aux États-Unis sur le tabagisme et le vapotage chez les jeunes [2].
Dans un post précédent, daté du 23 octobre 2024, l’épidémiologiste avait déjà communiqué son avis sur la taxe, rappelant qu’une telle mesure serait de l’ordre d’une « aberration pour la santé publique, tant les preuves scientifiques établissent clairement que ces substituts nicotiniques sont le meilleur moyen d’arrêter de fumer ».
Une opinion largement partagée par les tabacologues français, et défendue notamment par l’un des pères fondateurs de l’addictologie en France et actuel président de l’association SOS-Addictions : le professeur William Lowenstein.
« La priorité est de combattre les méfaits de la combustion. C’est elle qui tue : il y a 75 000 décès par an lié au tabac fumé, des centaines de milliers d’accidents cardiaques, d’insuffisances respiratoires, d’AVC et de cancers qui handicapent les personnes touchées »
– Pr. William Lowenstein pour le journal Libération, 23 octobre 2024 [3]
Avec une telle taxe, l’expert craint notamment que les fumeurs ne se désintéressent du vapotage et que les vapo-fumeurs, ces vapoteurs encore accrochés à la cigarette de tabac, ne baissent complètement les bras, et retombent entièrement dans les bras du tabagisme.
Au-delà de ces dérives sanitaires, le Pr. Lowenstein dénonce une mesure aux lignes obscures, alimentant la confusion entre dangers de la combustion et de la nicotine.
« Il n’est pas question de dire à des non-fumeurs de vapoter et de devenir accro à la nicotine. Mais le mode d’usage du tabac est plus important dans les méfaits. Ce n’est pas la nicotine qui tue, c’est le fait de fumer »
– Pr. William Lowenstein pour le journal Libération, 23 octobre 2024 [3]
Pour toutes ces raisons, économiques, sanitaires, éthiques et humaines, les experts somment le gouvernement de revoir sa copie sur la vape, en abandonnant toute taxe sur les produits du vapotage et en privilégiant les mesures de répression à l’encontre du tabac fumé. Le seul véritable ennemi ici.
Comme l’a très bien résumé le Pr. Bertrand Dautzenberg, tabacologue, ex-pneumologue et président de Paris Sans Tabac :
« S’il n’y avait plus de cigarette, je serais contre la vape. Mais aujourd’hui, elle est une arme antitabac : elle le concurrence, a la plus grande efficacité ou équivalente au meilleur produit antitabagique [et] elle est aussi utile pour ne pas rechuter. Quand on est entouré de fumeurs, c’est plus facile de ne pas fumer lorsque l’on peut vapoter ! »
– Pr. Bertrand Dautzenberg pour le journal Libération, 23 octobre 2024 [3]
Notes
[1] Le projet de loi de finances 2025 en détail, listes des amendements et statuts : https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/17/amendements/0324A/AN/2885
[2] Voir également à propos de la théorie de l’effet passerelle : les grandes lignes de l’étude du Pr. Dautzenberg et al. sur jesuisvapoteur.org
[3] Taxe sur la vape : bataille d’experts autour d’un substitut à la cigarette encore contesté, Libération, 23 octobre 2024 [article complet réservé aux abonnés]
sandrine
Excusez mon langage mais au gouvernement c’est des GROS B******!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! VIVE LA VAPE qui m’a sauvé de la clope dégueulasse. Mais a quoi ils pensent à part s’en mettre plein les fouilles. Qu’ils arrêtent 2 min de nous prendre pour des c*** ça changerait MERCI. Une VAPOTEUSE VENERE.
Yannick Malaboeuf
Ce qu’il y a d’écœurant dans tout ça, c’est que le prix du tabac ne va pas augmenter en 2025.
En résumé on évoque des raisons sanitaires pour taxer la vape avec des arguments aussi ringards que faux, et on ne fait rien pour lutter contre le tabagisme.
On est vraiment gouverné par des corrompus par les lobbys du tabac ; et par des bons à rien qui vont nous mener à la ruine en nous faisant mourir à petit feu.
Mais qu’ils dégagent tous ces fosses à purin.