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Accueil / Grands dossiers  / Vapofumer : est-ce vraiment dangereux pour la santé ?

Vapofumer. Voilà un terme bien particulier qui englobe ces doubles utilisateurs de vape et de tabac fumé. Les fumeurs en question ont peut-être réduit leur consommation de cigarettes, mais ils continuent tout de même de fumer, et ils vapotent également. Quels risques ? Quelles solutions ? On fait le tour de la question dans cet article dédié !

Vapofumer : qu’est-ce que cela veut dire exactement ?

La contraction des deux mots n’est pas anodine. Par vapofumeur, on entend toute personne qui n’est pas complètement sortie de l’engrenage du tabagisme : elle vapote, mais continue de fumer à côté. Autrement dit, on est face à un double utilisateur, de vape et de cigarette.

Plusieurs raisons à cela : la personne en est, par exemple, au début de son sevrage, et a besoin d’un temps d’adaptation avant d’adopter complètement la cigarette électronique. Peut-être a-t-elle également reçu de mauvais conseils pour débuter, ou aucun, ou de la part d’individus non qualifiés en la matière. Peut-être a-t-elle aussi certains aprioris à évacuer, notamment en ce qui concerne la nicotine, souvent jugée à tort nocive et cancérigène, ou la prétendue dangerosité du vapotage. Enfin, peut-être vapote-t-elle pour de « mauvaises » raisons, par praticité notamment (pour utiliser discrètement sa vapoteuse dans des endroits où il lui est interdit de fumer) ou pour faire taire les critiques en société, mais sans avoir une réelle perspective d’arrêt.

Quoiqu’il en soit et quelle qu’en soit la raison, cette personne a donc bien du mal à supprimer certaines cigarettes de son quotidien. Ce qui n’est pas sans danger pour sa santé.

Vapofumer : quels dangers ?

Relativisons d’emblée ce qui va suivre. Même s’il fume toujours, un vapofumeur a logiquement diminué sa consommation de cigarettes, puisqu’il alterne désormais avec la e-cigarette.

C’est notamment ce qu’est venu démontrer le rapport 2015 de l’Institut National en Prévention et en Éducation pour la Santé (INPES), portant sur l’usage de la cigarette électronique en France [1]. Analysant le lien entre vapotage et diminution du tabagisme, les auteurs notent : « 82 % des vapofumeurs déclarent que l’e-cigarette leur a permis de réduire leur consommation de tabac. Parmi eux, la diminution moyenne est de 8,9 cigarettes par jour ».

C’est également ce qu’a pointé, plus récemment, l’étude longitudinale du professeur Jean-François Etter [2], qui a suivi 375 vapoteurs et vapofumeurs durant cinq à huit ans (de 2012-16 à 2021). De 33 % en début d’enquête, le nombre de vapofumeurs ayant fumé dans le mois précédent leur suivi avait alors chuté à 11 % en fin d’enquête — soit trois fois moins.


De fait, on le voit : grâce à la vape, un vapofumeur réussit donc à réduire son exposition aux dangers présents dans la fumée, issus de la combustion. Réalisant ainsi un beau premier pas vers un avenir plus sain (et plus long). Mais un premier pas seulement.


En effet, s’il ne faut pas se culpabiliser (cela n’avancerait à rien), il ne faut pas non plus nier les faits : vapofumer, c’est continuer de fumer, et donc, de s’empoisonner la santé.

Même s’il utilise sa cigarette électronique 50, 60 voire 90 % du temps, consacrant le reste à son paquet de cigarettes, un vapofumeur court toujours un risque accru, à l’instar d’un autre fumeur. Il n’améliore pas pleinement ses capacités respiratoires, comme il ne retrouve pas totalement l’odorat, le goût ou encore un teint plus éclatant. Plus encore, les risques de contracter une maladie liée au tabagisme, entre autres cancers, maladies cardiovasculaires ou Broncho-Pneumopathie Chronique Obstructive (BPCO) — et d’en mourir — ne s’évanouissent pas en fumant moins.

Comme l’a montré une vaste étude norvégienne en 2005 [3], même à moins de 5 cigarettes par jour, un fumeur a presque 3 fois plus de risque de décéder d’une cardiopathie ischémique qu’un non-fumeur, et jusqu’à 5 fois plus de risque de décéder d’un cancer du poumon.


En clair, si vapofumer peut tout à fait constituer une première étape dans le sevrage, il est essentiel de passer dès que possible à la seconde : l’arrêt définitif de la cigarette. Et, pour ce faire, bien des solutions existent. Particulièrement à l’ère moderne des systèmes pods et autres innovations nicotiniques.


Sortir de la boucle : quelles solutions ?

On l’a dit en introduction de cet article : les causes du vapofumage sont aussi diverses que complexes.

Les identifier constitue ainsi un premier pas vers l’arrêt total de la cigarette. Mais parfois, seuls quelques ajustements sont nécessaires pour voir d’emblée les résultats !

On peut notamment recommander à un vapofumeur :

  1. De revoir son taux nicotinique : bien des vapoteurs ont tendance à commencer avec un taux trop bas de nicotine, ou à l’abaisser trop rapidement. Il est donc primordial de leur rappeler l’importance de la nicotine dans le sevrage tabagique ;
  2. De choisir un e-liquide adapté : ce dernier doit non seulement être en accord avec les besoins du vapoteur (par exemple en sel de nicotine pour une absorption plus rapide de la nicotine dans l’organisme), mais aussi avec ses envies. Lorsqu’il est question de la réussite d’un sevrage, le plaisir est primordial !
  3. De repenser son matériel de vapotage : parfois choisi en priorité pour l’esthétisme, la production de vapeur, ou sélectionné sans les conseils d’experts, ce dernier peut ne pas être adapté au vapoteur. Expliquant ainsi ses difficultés à augmenter la nicotine et/ou à combler complètement ses besoins.
  4. Ou encore de coupler le vapotage à d’autres méthodes de sevrage, conventionnelles et/ou alternatives, qu’il s’agisse de patchs ou de pouches de nicotine par exemple. Autrement dit, tout ce qu’il faut pour avoir toujours sous la main de quoi réfréner son envie d’une cigarette !

S’il faut donc retenir une chose, c’est celle-ci : vapofumer n’est pas une preuve de manque de motivation ou de mauvaise volonté. C’est plutôt le signe qu’il manque ce petit quelque chose qui saura faire toute la différence dans cette quête ardue qu’est l’arrêt définitif de la cigarette.


Ce peut-être un changement de matériel, de saveur d’e-liquide, de taux ou de type de nicotine (en sel de nicotine par exemple) ou encore un patch combiné, une gomme à mâcher de temps en temps…

Et n’oubliez pas : si vapofumer ne réduit effectivement pas assez significativement les risques en comparaison du tabac fumé, ne choisissez jamais de laisser de côté la vape pour votre cigarette.

Faites vous plutôt accompagner (par un professionnel de santé, via tabac info service, en vape-shop…) pour tenter de supprimer définitivement les quelques cigarettes restantes de votre quotidien !

Notes

[1] Raphaël Andler, Romain Guignard, Jean-Louis Wilquin, François Beck, Viêt Nguyen-Thanh, L’usage de la cigarette électronique en France en 2014, Évolutions, N°33, Juin 2015 (version PDF téléchargeable – Santé Publique France)

[2] Etter J.F. An 8-year longitudinal study of long-term, continuous users of electronic cigarettes, Addictive Behaviors, 2023.
DOI : https://doi.org/10.1016/j.addbeh.2023.107891

[3] Bjartveit K, Tverdal AHealth consequences of smoking 1–4 cigarettes per day. Tobacco Control 2005;14:315-320. URL : https://tobaccocontrol.bmj.com/content/14/5/315

Pour aller plus loin

👉 L’article de JeSuisVapoteur sur l’étude du Pr. Jean-François Etter

👉 La réponse détaillée de Tabac Info Service sur le tabagisme “modéré”

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