La mesure se profile de plus en plus nettement au Royaume-Uni. Les vapoteurs britanniques ne semblent pas pouvoir y couper, le gouvernement veut taxer la vape d’ici mars 2024.
Une taxe attendue dès mars 2024
Au Royaume-Uni, en ce moment, c’est à n’y plus rien comprendre.
D’un côté, le gouvernement a récemment donné le coup d’envoi de son programme « Swap to stop » ou « arrêter pour échanger » en français, et a ainsi distribué plus de 259 000 kits de démarrage de vape gratuits afin de faire connaitre cette alternative plus sûre aux fumeurs.
De l’autre, il réfléchit sérieusement à durcir ses mesures contre la vape, entre limitation des arômes, révision des packagings, interdiction des cigarettes électroniques jetables (puffs)… et désormais taxation des produits du vapotage !
Selon une source au The Mirror, cette dernière devrait être dévoilée autour du 6 mars 2024, lors de l’annonce du budget national. D’après les rumeurs, elle entend augmenter d’au moins 25 % le coût des e-liquides, sous-couvert, on vous le donne en mille : de protection de la jeunesse.
Voilà qui laisse tous les partisans de la réduction des risques sans voix, surtout dans ce pays connu pour son investissement en matière de politiques progressistes sur la vape…
Taxer la vape : une mesure jugée « déplorable » par les partisans de la réduction des risques au Royaume-Uni
Après le Portugal, l’Italie ou encore l’Allemagne, le Royaume-Uni pourrait donc bientôt rejoindre la liste des pays qui taxent durement la vape. Ce, en dépit des alertes incessantes des associations de défense de la vape et des institutions sanitaires, qui y voit un dangereux pas en arrière en matière de réduction des risques.
Pour Clive Bates, expert en stratégie de santé publique de réduction des méfaits du tabagisme, et auteur de The Counterfactual, une taxation sur la vape confirme ses craintes : le gouvernement britannique a perdu de vue ce qui compte. « Tout l’art de l’élaboration de politiques concernant les produits du tabac et de la nicotine consiste à comprendre l’interaction entre le tabagisme et des alternatives plus sûres comme le vapotage », a-t-il déclaré.
D’après lui, de telles mesures antivapes sont contre-productives. Elles ne font qu’augmenter « la demande de cigarettes et les incitations à acheter et à vendre des produits illicites », comme cela a déjà été observé ailleurs, aux États-Unis par exemple.
Plus encore, selon Martin Cullip, membre de la Taxpayers Protection Alliance (TPA), l’Alliance de protection des payeurs de taxe aux États-Unis, et auteur du magazine Filter, « l’application d’une taxation sur les vapes va sans aucun doute accélérer les idées fausses au sein du public, qui supposera que c’est parce qu’il est prouvé qu’ils sont nocifs pour la santé ».
Or, ces dernières sont déjà trop largement répandues !
Pour preuve, le 9 janvier 2024, un sondage YouGov a été administré à 2 704 adultes de Grande-Bretagne afin de recueillir leur opinion sur la vape. Une seule question a été posée (« De façon générale, pensez-vous que ce soit le fait de vapoter ou de fumer des cigarettes qui est pire pour la santé ? ») et le résultat est sans appel : 52 % des Britanniques jugent toujours à tort la vape tout aussi nocive que la cigarette, si ce n’est plus. Et 10 % des interrogés ne se prononcent pas.
Recrudescence du tabagisme, montée en puissance des marchés illicites et détérioration de l’image de la vape… Une taxation sur la vape au Royaume-Uni risque donc de faire place à des dangers plus grands encore, pour les fumeurs adultes, comme pour les mineurs. Mais surtout, d’effacer toutes les avancées faites depuis des années dans la lutte contre le tabac…
Pourtant, le gouvernement britannique en reste persuadé : c’est là le seul moyen d’enrayer ce qu’il définit comme le « problème du vapotage chez les jeunes ».
À ce faux-débat, tous les pays y auront donc adhéré, sans se poser les questions essentielles : pourquoi le vapotage chez les jeunes inquiète-t-il comme jamais il ne l’a été pour le tabagisme chez les jeunes ? Le cœur du combat est pourtant là !
Comme ne cessent de le rappeler des experts de la lutte antitabac tels que le Dr Anne Borgne, tabacologue depuis 34 ans maintenant, ou encore le Dr Antoine Flahault, récemment interviewé par BFMTV, si les jeunes vapent, alors ils ne fument pas. N’est-ce donc pas là une très bonne nouvelle, plutôt qu’un sujet d’inquiétude mondiale ?