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Accueil / Actualité  / Royaume-Uni : l’âge légal pour fumer dans le collimateur du gouvernement
Royaume-Uni

Inspiré par le modèle néo-zélandais, le Royaume-Uni pourrait bientôt adopter des mesures antitabac similaires. En cette fin d’année 2023, le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, se serait ainsi dit prêt à repousser progressivement l’âge légal pour fumer du tabac afin d’empêcher les prochaines générations d’accéder aux cigarettes. Explications.

Un modèle d’inspiration : en Nouvelle-Zélande, l’âge légal pour fumer va augmenter chaque année

En matière de lutte contre le tabac, autant dire que la Nouvelle-Zélande se donne les moyens de ses ambitions. Son objectif, clairement affiché depuis plus de 10 ans maintenant ? Atteindre moins de 5 % de fumeurs d’ici à 2025 !

Ses dernières années, le gouvernement néo-zélandais enchaîne donc les mesures visant à réduire le taux de tabagisme dans le pays. Dès 2017 également, il opère un changement de direction : après avoir fait son mea culpa à la vape, il en fait sa meilleure alliée, s’appuyant sur elle pour encourager et accompagner les fumeurs dans leur sevrage tabagique.

Depuis, les résultats sont là : entre 2021 à 2022, la Nouvelle-Zélande a déjà réussi à abaisser grandement son taux de prévalence tabagique, passant de 9.4 % à 8 % de fumeurs. L’une de ses armes les plus précieuses pour assurer le succès de son plan antitabac Smokefree2025 ? La cigarette électronique qui, elle, a fait progresser le vapotage de plus de 2 %, augmentant de 6.2 % à 8.3 % le nombre de vapoteurs !

Bien décidé à offrir un avenir sans fumée aux prochaines générations de “Kiwis” (nom que se donnent les Néo-Zélandais), le gouvernement est passé à la vitesse supérieure, fin 2022. Afin d’empêcher quiconque né après 2008 d’accéder aux cigarettes, le pays a lancé une mesure antitabac inédite : dès 2027, l’âge minimum légal pour acheter des cigarettes (actuellement fixé à 18 ans) augmentera d’un an chaque année.

Pour Ayesha Verrall, ministre de la Santé néo-zélandaise, cette mesure est cruciale : « Nous voulons nous assurer que les gens ne commencent jamais à fumer. En vieillissant, cette génération et celles qui suivront ne pourront plus acheter légalement du tabac […] Des milliers de personnes vont vivre plus longtemps et en meilleure santé, et le système de santé bénéficiera de 5 milliards de dollars néo-zélandais (3 milliards d’euros) en n’ayant pas à traiter les maladies provoquées par le tabagisme, comme de nombreux types de cancers, des crises cardiaques, des accidents vasculaires cérébraux et des amputations ».

Le Royaume-Uni envisage de suivre l’exemple en révisant l’âge légal pour fumer

D’après Le Guardian et ses sources au Whitehall, siège traditionnel du gouvernement britannique, le Premier ministre anglais Rishi Sunak envisagerait très sérieusement de suivre l’exemple néo-zélandais en augmentant l’âge légal pour fumer.

Cette rumeur s’est d’ailleurs confirmée le mercredi 4 octobre 2023, lors du discours de clôture du Premier ministre au congrès des Conservateurs, à Manchester. Rishi Sunak a ainsi réaffirmé sa volonté « d’empêcher les adolescents de fumer leur première cigarette » et précisé l’importance de repousser « l’âge légal pour fumer d’un an chaque année » afin qu’il soit impossible à l’avenir « de vendre des cigarettes à une personne âgée de 14 ans aujourd’hui ».

Cette idée, le Dr Javed Khan l’avait déjà mentionné en juin 2022, dans son rapport « Making smoking obsolete, independent review into smokefree 2030 policies » visant à analyser et orienter les prochaines politiques antitabac du gouvernement. Il y soulignait l’importance d’agir maintenant pour les fumeurs de demain, en combattant l’addiction à la source : dès l’enfance.

Pour cet expert, la raison tombe sous le sens : « Ne jamais commencer à fumer est bien plus facile que de devoir arrêter », indique-t-il dans son rapport. Ainsi, en empêchant les jeunes en dessous d’un certain âge d’acheter des cigarettes, le Royaume-Uni pourrait enfin arriver à rendre le tabagisme obsolète. Et surtout, ajoute-t-il, comme l’a estimé la Nouvelle-Zélande pour son propre cas, « il pourrait réduire de moitié le taux de tabagisme dans les 10 à 15 ans suivant sa mise en œuvre ».

Comme le montre le Dr Javed Khan dans son rapport, l’opinion publique anglaise semble d’ailleurs déjà réceptive à une telle politique. Sur 10 000 adultes britanniques interrogés par l’ASH (principale organisation antitabac de Grande-Bretagne) en 2022, 63 % se disent favorables au relèvement de l’âge de la vente de tabac de 18 à 21 ans.

Interrogé sur cette question, le porte-parole du gouvernement a également réaffirmé l’engagement du Royaume-Uni dans la lutte contre le tabagisme et déclaré : « Fumer est une habitude mortelle – il tue des dizaines de milliers de personnes chaque année et fait peser un énorme fardeau sur le NHS [le système de santé publique britannique] et l’économie. Nous voulons encourager davantage de personnes à arrêter de fumer et réaliser notre ambition de ne plus fumer d’ici 2030. C’est pourquoi nous avons déjà pris des mesures pour réduire les taux de tabagisme. Cela comprend la fourniture à 1 million de fumeurs en Angleterre de kits de vape gratuits via notre premier programme mondial « swap to stop », le lancement d’un système de bons d’achat pour inciter les femmes enceintes à arrêter, et des consultations sur les notices obligatoires des paquets de cigarettes ».

Vers une interdiction de la cigarette au Royaume-Uni ?

Si le gouvernement britannique est l’un des plus engagés en matière de lutte contre le tabac, son défi est effectivement plus grand que la Nouvelle-Zélande, ou encore le Danemark qui, si l’on en croit plusieurs journaux, dont L’Obs, envisage également d’instaurer une telle mesure antitabac. Au Royaume-Uni, 6 millions de personnes fument toujours à l’heure actuelle, soit environ 13 %.

Rendre progressivement le tabac illégal pour les générations à venir pourrait ainsi permettre au pays d’assurer son objectif : atteindre un taux de tabagisme à 5 % ou moins d’ici à 2030.

Plus encore, cette mesure pourrait empêcher ad vitam aeternam l’apparition de nouveaux fumeurs. Ce, sans pénaliser ses fumeurs adultes actuels, qui continueront de compter sur une méthode de réduction des risques pertinente et un outil d’aide au sevrage tabagique soutenu et défendu par le gouvernement : la vape !


Sources :

Dr Javed Khan, Independant report, The Khan review : making smoking obsolete, 9 juin 2022 : https://www.gov.uk/government/publications/the-khan-review-making-smoking-obsolete

Action on Smoking and Health, Public support in England for Government action on tobacco: Results extracted from the ASH Smokefree GB survey 2022 (Version PDF téléchargeable)


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