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Les jeunes et le tabac

En France, les jeunes sont désormais deux fois moins à se tourner vers le tabac qu’il y a dix ans. Fumer serait-il en train de devenir un geste oublié, symbole d’un autre temps ? C’est du moins ce que tendent à démontrer les récentes études sur le tabagisme chez les jeunes. Explications.

Les jeunes Français et le tabac, en 2022 : une baisse d’une ampleur inédite

Les résultats de l’enquête française ESCAPAD en mars 2022 l’ont confirmé : depuis 2017, tous les niveaux d’usage de drogues ont baissé, particulièrement celui du tabagisme.

Ainsi, en 2022, sur un échantillon représentatif de 23 701 jeunes âgés de 17 ans, seuls 15.6 % ont déclaré fumer quotidiennement, contre 25.1 % en 2017, 31.5 % au début des années 2010 et 41.1 % au début des années 2000 !

D’une génération à l’autre, les jeunes semblent donc se désintéresser de plus en plus du tabac. Ils l’expérimentent beaucoup moins (59 % en 2017 et 46.5 % en 2022) et de façon plus occasionnelle (34.1 % fumaient quelques fois dans le mois en 2017, contre 25.1 % en 2022).

Plus encore, c’est bien leur perception à l’égard du tabac qui s’est vue transformée ces dernières années. Ils sont aujourd’hui nombreux à reconnaître le tabagisme comme dangereux et à avoir connaissance de ses désastreuses conséquences. Comme le note Ivana Obradovic, directrice adjointe à l’OFDT, l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives, « la cigarette est désormais perçue comme un produit malfaisant, chimique et nocif, qui fait les choux gras de l’industrie mais qui est très cher pour un intérêt jugé limité : il ne procure pas d’ivresse, et il promet à l’inverse des dommages sanitaires graves à long terme et des conséquences indésirables à plus court terme (une peau abîmée, des dents jaunies, etc.) ».

Les raisons de cette baisse inédite sont multiples, si l’on en croit les différents chercheurs. Pour eux, les politiques anti-tabagisme ont évidemment contribué à décrédibiliser et invisibiliser la cigarette aux yeux des adolescents (interdiction de fumer dans les lieux collectifs et publics, instauration du paquet neutre, augmentations tarifaires…).

Mais ils notent également un changement du côté des rites de socialisation, des loisirs et du rapport au corps : les jeunes consacrent désormais leur temps disponible aux réseaux sociaux et autres espaces numériques. À la cigarette pour « s’occuper les mains » se substitut alors l’utilisation du smartphone.

Les jeunes et le tabac : une tendance à la baisse qui se confirment dans d’autres pays

Au Canada, depuis le début des années 2000, le taux de tabagisme chez les adolescents est également en baisse constante. D’après les chiffres de l’ESCC, l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, le taux de tabagisme chez les jeunes de 12 à 17 ans se situe aux alentours de 1.1 % depuis 2021, alors qu’il était de 2.5 % en 2019.

Aux États-Unis, les données de l’enquête nationale sur le tabagisme chez les jeunes de 2021 (NYTS) publiées par le CDC, ou Centre de contrôle et de prévention des maladies, sont tout aussi concluantes. Les lycées américains comptent désormais moins de 2 % de fumeurs, soit plus de six fois moins qu’il y a dix ans !

En Grande-Bretagne encore, le National Health Service (NHS), soit l’agence de santé britannique, a relevé une baisse significative du tabagisme chez les adolescents. De 2010 à 2021, il a chuté de 9 à 3 % chez les 11-15 ans et de 20 à 12 % chez les 16 ans et plus.

Enfin, si l’on se fie aux dernières données de l’enquête européenne ESPAD (2019) sur les consommations de drogues en Europe parmi les élèves de 16 ans, le tabagisme quotidien, l’usage au cours du mois comme l’expérimentation de cigarettes chez les adolescents sont effectivement en déclin depuis 1995. En 2019, ils étaient deux fois moins à fumer quotidiennement par rapport aux jeunes âgés de 16 ans en 1995 !

Vers la fin du tabagisme chez les adolescents ?

À chaque nouvelle génération, année après année, la cigarette tend à se « ringardiser » auprès des jeunes.

Alors que leurs aînés ont fait les frais du tabagisme comme du tabagisme passif dans les restaurants, amphithéâtres et autres lieux publics fumeurs, les générations Z comme Alpha évoluent et naviguent dans des espaces légiférés « sans fumée ». En outre, il semble aussi que les usages aient évolué, et qu’ils connaissent bien mieux les méfaits du tabagisme, ce qui les incite à s’en tenir éloignés.

Néanmoins, en France, certaines populations continuent d’être plus touchées que d’autres par le tabagisme. D’après l’enquête ESCAPAD 2022 sur les jeunes de 17 ans, si l’usage quotidien de tabac est en baisse peu importe la situation scolaire de l’adolescent, elle est beaucoup moins marquée chez les jeunes sortis du système scolaire (déscolarisés, en service civique ou en emploi), en lycée professionnel et en apprentissage.

Qu’en est-il du vapotage chez les jeunes ?

Les différentes études françaises, européennes comme étrangères tendent à indiquer un intérêt croissant, mais limité, des jeunes pour le vapotage. Il semble d’ailleurs intéressant de noter que le tabagisme chez les jeunes Français de 17 ans (Enquête ESCAPAD 2022) décroît fortement depuis 2014, date de la démocratisation de la cigarette électronique.

Ces enquêtes confirment aussi toutes le rôle d’alternative joué par le vapotage, invalidant par la même la fameuse théorie de l’effet passerelle qui voudrait qu’un jeune s’essayant à la vape passe ensuite au tabac. Car, si le vapotage progresse, les taux de tabagisme demeurent à la baisse !

Plutôt qu’un pont, la vape (à 95 % moins nocive que le tabac, rappelons-le) se révèle donc être l’un des meilleurs remparts face à l’attrait de la cigarette…


Sources :

Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), Les drogues à 17 ans, analyse de l’enquête Escapad 2022, Tendances, Mars 2023. Version PDF téléchargeable.

Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), note de synthèse de l’enquête ESCAP 2019, Les consommations de drogues en Europe parmi les élèves de 16 ans, Novembre 2020. Version PDF téléchargeable.


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