Après investigation auprès des autorités dédiées, le Conseil supérieur de la santé belge a revu sa copie sur la vape et rendu ses conclusions et ses recommandations aux décideurs politiques du pays. Explications.
Rapport du Conseil supérieur de la santé belge
A la table des matières de ce rapport détaillé, pas moins de cinq chapitres dédiés, entre autres, aux e-liquides et au matériel, aux moult réglementations, ainsi qu’aux opportunités et risques liés à la vape… Vaste sujet donc, pour nos scientifiques belges qui jouent dans un premier temps la carte de la prudence, et s’attachent à rappeler que vapoter n’est pas sans risque pour la santé. D’autant que le rapport indique manquer d’informations quant à la potentielle toxicité par inhalation des substances contenues dans les liquides, et estime avoir encore trop peu de recul sur l’utilisation de la e-cigarette dans sa globalité… Et ce, qu’elle soit pourvue ou non de nicotine, signalant au passage que cette dernière est formellement déconseillée aux non-fumeurs en raison de son effet addictif. Les chercheurs sont donc clairs sur le sujet et préconisent la sécurité. « La e-cigarette n’est pas sans risque ; elle n’est donc pas recommandée pour les non-fumeurs, en particulier aux jeunes ».
A propos des jeunes, le Conseil Supérieur de la Santé de Belgique en profite pour faire un point sur le si controversé “effet passerelle”. Inlassablement remise sur le devant de la scène par les anti vape, cette théorie suggère qu’un adolescent ou un jeune adulte qui commencerait la vape se mettrait inexorablement à fumer… Une théorie qui n’a aucun sens pour les scientifiques belges, puisque « l’hypothèse de la passerelle ne peut être scientifiquement étayée. Les explications du lien existant entre le vapotage et le tabagisme chez les jeunes vont dans une autre direction ».
Néanmoins, même si elle n’est pas sans risque, le Rapport du Conseil Supérieur de la santé belge souligne que la vape est bien moins dangereuse pour la santé que la cigarette, et qu’elle représente une aide précieuse pour arrêter le tabac : « La e-cigarette est considérée comme moins nocive que les cigarettes classiques ; elle constitue une meilleure alternative au tabac pour les fumeurs et peut être envisagée comme une réelle aide au sevrage tabagique ».
A l’éclairage des études actuelles, la vape pourrait donc considérablement réduire le nombre de maladies engendrées par la cigarette si elle parvenait à la remplacer. Conscients des enjeux capitaux en termes de santé publique, les chercheurs estiment ici que « l’utilisation des e-cigarettes à la nicotine peut jouer, dans certaines conditions, un rôle dans la politique de lutte contre le tabagisme » … Il s’agirait donc que les hauts dirigeants l’entrevoient comme telle et la mettent au centre de leur politique.
Dans cette optique d’aider un maximum de fumeurs à se sevrer et de voir les chiffres du tabac baisser, le rapport suggère une accessibilité à la cigarette réduite. Une volonté de limiter le tabagisme, certes, mais aussi la vape et la nicotine… Le tout avec subtilité et en gardant le sens des priorités, c’est-à-dire en prenant garde qu’un trop important contrôle de la cigarette électronique et de la nicotine ne compromette l’objectif premier, c’est-à-dire la baisse du tabac, comme le souligne le rapport : « Il faut veiller à ce que la limitation du vapotage et de la consommation de nicotine ne compromette pas l’objectif de réduction de la prévalence du tabagisme ».
Loin du Haut Conseil de la Santé Publique qui, aux dernières nouvelles, préconisait à nos médecins français de ne plus présenter à leurs patients la e-cigarette comme un outil de sevrage tabagique, la Belgique prône une position plus mesurée et réaliste face à la vape. Et lui donne, en maîtrisant les tenants et les aboutissants, la place qui lui convient, celle d’une précieuse aide pour arrêter la cigarette.