Au Royaume-Uni, les députés ont voté mardi 16 avril 2024 en faveur du projet de loi d’interdiction de fumer à vie pour toute personne née après 2009. Sont ainsi concernés tous les jeunes âgés de moins de 15 ans aujourd’hui, mais aussi toutes les générations à naitre.
Beaucoup se demandent donc : le pays aurait-il trouvé la solution pour éradiquer définitivement le tabagisme ? Mais à quel prix ?
Ce qu’il faut retenir de la loi “génération sans tabac” en cours au Royaume-Uni :
- La loi générationnelle antitabac britannique prévoit d’interdire à vie l’accès aux cigarettes pour toute personne née après 2009
- Lors du vote de la Chambre des Communes, mardi 16 avril, le projet de loi a recueilli la majorité, à 383 voix pour et 67 voix contre
- Dans le projet de loi figure également la lutte contre le vapotage des jeunes
- Parmi les mesures antivape annoncées : la restriction des arômes autorisés, des packagings produits et l’encadrement de la présentation dans les points de vente
Le gouvernement britannique fait son premier pas vers un avenir sans fumée
Après la tentative abrogée de la Nouvelle-Zélande, c’est au tour du Royaume-Uni d’espérer faire mieux.
Figurant parmi les bons élèves, le pays a déjà réussi à abaisser grandement sa prévalence tabagique ces dernières années, particulièrement depuis qu’il s’appuie sur la cigarette électronique. Mais, s’il comptabilise désormais un peu moins de 13 % de fumeurs (chiffres 2021), le pays est loin d’en avoir terminé avec les dangers de la cigarette à combustion.
“Nous voulons encourager davantage de personnes à arrêter de fumer et réaliser notre ambition de ne plus fumer d’ici 2030”, indiquait ainsi le gouvernement en octobre 2023, réaffirmant par là même son intention “d’empêcher les adolescents de fumer leur première cigarette”.
À travers son projet de loi d’une “génération sans tabac”1, le parti conservateur en place entend donc prendre une mesure drastique : interdire la cigarette à toute personne née après 2009, afin de garantir à tous les enfants qui auront 15 ans cette année, ou moins, de ne jamais pouvoir accéder légalement au tabac à fumer, même une fois leur majorité obtenue.
Mardi 16 avril 2024, le gouvernement s’est ainsi félicité de la validation de la première étape législative par la Chambre des Communes. Si la mesure a encore du chemin à parcourir avant d’être définitivement adoptée, le Royaume-Uni se dit confiant : il compte bien devenir le prochain pionnier de la lutte contre le tabagisme, responsable de 80 000 décès chaque année dans le pays.
Royaume-Uni : vers une interdiction généralisée de fumer ?
Au Royaume-Uni, ne sont donc pas concernées par cette loi d’interdiction de fumer, toutes les personnes nées avant 2009 : “Quiconque peut légalement acheter du tabac aujourd’hui ne sera jamais empêché de le faire à l’avenir par la législation”, précise le gouvernement dans un communiqué du 16 avril 20242.
Si cette ambitieuse mesure pourrait empêcher près de 4 fumeurs sur 5 âgés de moins de 20 ans d’entrer dans la dépendance tabagique, et faire économiser des milliards de livre au système de santé britannique d’après les calculs du gouvernement, elle continue pourtant de diviser la classe politique.
Certains, comme Liz Truss, Première ministre avant Rishi Sunak, ou Robert Jenrick, ancien ministre de l’immigration, y voient ainsi une loi liberticide d’ “anti-conservateur”. D’autres, comme le député conservateur Simon Clarke, estiment qu’une telle mesure est une porte ouverte au marché noir.
Quoiqu’il en soit, avec 67 contre et 383 pour, le projet de loi a recueilli plus que la majorité des voix mardi 16 avril, lors du vote de la Chambre des Communes.
Une bonne nouvelle donc ? Eh bien pas tout à fait. Car la cigarette n’est pas la seule à figurer dans la liste noire de la loi. Au programme également : la lutte contre la cigarette électronique, via la restriction des arômes et des packagings produits.
Une loi contre "la tyrannie de l'addiction"
Depuis la fameuse polémique entourant le vapotage chez les jeunes, notamment au travers des cigarettes électroniques jetables “puffs”, prétendument incitatives, le vent semble avoir tourné pour la vape au Royaume-Uni.
En témoigne ladite loi générationnelle contre le tabac, qui ne se contente pas de vouloir un avenir sans fumée, mais également sans vapeur.
Aussi, plutôt que d’utiliser ces outils de réduction des risques que sont les cigarettes électroniques pour accompagner la transition des fumeurs restants, le gouvernement britannique préfère les sanctionner également, sous couvert de protection de la jeunesse.
“Afin de réduire l’attrait des vapes pour les enfants, nous avons également annoncé de nouvelles mesures clés visant à restreindre les arômes et les emballages des vapes”
– Créer une génération sans tabac et lutter contre le vapotage des jeunes : tout ce qu’il faut savoir, Communiqué du Département de la Santé et de la Protection Sociale britannique, 15 avril 2024
Si, au cours de la présentation du projet de loi, le Royaume-Uni a bien précisé que “le vapotage est moins nocif que le tabac et peut aider les fumeurs adultes à arrêter de fumer”, il semble oublier l’importance prépondérante des arômes, dans toute leur diversité, dans ce processus d’arrêt du tabac. Tout comme il semble nier de fait le rôle essentiel du plaisir et de l’attachement visuel dans la réussite d’une démarche de sevrage tabagique avec la vape.
Comme partout désormais, il semble que l’on ne combatte plus le véritable danger – la fumée de la cigarette, issue de la combustion – mais tout nouveau produit de consommation lié de près ou de loin à la nicotine.
Sources
- 1Créer une génération sans tabac et lutter contre le vapotage des jeunes : tout ce qu’il faut savoir, Département de la Santé et de la Protection Sociale, Gouvernement britannique. À retrouver sur le site officiel gov.uk (en anglais).
- 2Les députés s’apprêtent à voter un projet de loi historique visant à créer une génération sans fumée, Département de la Santé et de la Protection Sociale, Gouvernement britannique. À retrouver sur le site officiel gov.uk (en anglais).
