Une vaste étude suisse parue en février 2024 l’a une nouvelle fois confirmé : la vape est le meilleur outil pour arrêter de fumer. D’après ces chercheurs, les fumeurs ont même 1,77 fois plus de chance d’y arriver en ayant recours à la cigarette électronique !
Contexte et méthodologie de l’étude suisse
De nombreuses études, telles que celle menée par l’Université Queen Mary de Londres en 2021, en étaient déjà arrivées à cette même conclusion : l’utilisation de la vape nicotinée chez les fumeurs augmente drastiquement leurs chances de se sortir du tabagisme.
Pour l’éminente revue systématique anglaise Cochrane, qui a dressé, en septembre 2023, le bilan le plus exhaustif à ce jour, la vape est même l’une des méthodes les plus efficaces, si ce n’est la meilleure.
En ce début d’année 2024, c’est au tour d’une étude du Fonds national suisse de corroborer les faits (1).
De leur essai randomisé, mené de juillet 2018 à juin 2021 à travers 5 sites en Suisse, et publié en février 2024 dans la revue médicale The New England Journal of Medicine, les chercheurs en ont conclu que « l’ajout des cigarettes électroniques aux conseils standard en matière d’abandon du tabac a entraîné une plus grande abstinence de consommation de tabac chez les fumeurs que le conseil en matière d’abandon du tabac seul ».
Au total, 1 246 fumeurs ont été concernés par l’étude. Pour être retenus, tous devaient être majeurs, fumer au moins 5 cigarettes par jour, avoir la volonté d’arrêter de fumer dans les trois mois à venir et ne pas avoir vapoté ou utilisé de substituts nicotiniques au cours du trimestre précédent l’essai.
Deux groupes distincts ont alors été formés. Tous ont bénéficié d’un accompagnement d’aide à l’arrêt du tabac par des professionnels de la santé, via des thérapies cognitivo-comportementales ou encore des thérapies de remplacement de la nicotine (médicaments, substituts officiels). En revanche, une moitié de l’échantillon seulement a reçu un kit de démarrage de vape gratuit, accompagné des informations de base (fonctionnement d’une e-cigarette, remplissage, changement d’une résistance, etc.).
L’objectif : analyser l’efficacité de la vape par rapport aux soins standards, habituellement proposés dans le cadre d’un suivi d’arrêt tabagique. Sans oublier un suivi des potentiels effets indésirables.
La vape, une nouvelle fois élue meilleur outil pour arrêter
En plus d’un suivi téléphonique, les participants ont été recontactés au bout de six mois, afin d’établir un bilan de leur abstinence tabagique.
Pour en attester, les chercheurs ont effectué plusieurs tests toxicologiques, visant à mesurer les taux d’anabasine (un alcaloïde, marqueur du tabagisme) ou encore de monoxyde de carbone.
Résultat : près de 29 % des utilisateurs de cigarettes électroniques avaient maintenu leur sevrage, contre seulement 16 % chez les non-utilisateurs de vapes.
Autrement dit, le vapotage a été associé à 1,77 fois plus de chance d’arrêter !
Autre point positif : aucun effet indésirable grave n’a été constaté chez les participants des deux groupes, confirmant par là-même les données relevées dans d’autres études, comme celle menée en janvier 2024, à Londres, chez les femmes enceintes. La vape s’est avérée aussi sûre que toutes les autres alternatives prescrites depuis des années (patchs, pastilles, gommes à mâcher, etc.).
« Le grand avantage est d’avoir évalué avec une grande précision les effets indésirables, la rigueur est comparable à celle des études d’enregistrement de médicaments, précise le docteur Ivan Berlin, pharmacologue des addictions à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP) et l’un des co-auteurs de l’étude. La tolérance est très rassurante à six mois, il n’y a pas eu davantage d’événements sévères de type décès ou infarctus du myocarde dans le groupe e-cigarette par rapport au contrôle ».
Pour le docteur Reto Auer, dirigeant de l’étude, les faits sont là : « pour les personnes souhaitant arrêter de fumer, ces produits sont un moyen d’augmenter les chances de réussite », témoigne-t-il, rappelant, une nouvelle fois que « les vapoteuses contenant de la nicotine sont beaucoup moins nocives pour la santé que les cigarettes de tabac ».
Sources :
(1) Reto Auer, Anna Schoeni, Jean-Paul Humair, Isabelle Jacot-Sadowski, Ivan Berlin, Mirah J. Stuber, Moa Lina Haller, Rodrigo Casagrande Tango, Anja Frei, Alexandra Strassmann, Philip Bruggmann, Florent Baty, et al. Electronic Nicotine-Delivery Systems for Smoking Cessation. The New England Journal of Medicine, 2024;390 :601-610. DOI : 10.1056/NEJMoa2308815
yannick
Excellent article !!! Comme quoi un peu partout dans le monde, sauf en France, on se rends compte que la vape est un formidable outil de sevrage tabagique. Dommage que nos politiques decident pour nous de ce qui est bon ou ce qui ne l’est pas en fonction des recettes pûbliques générées…