En France, l’interdiction des puffs n’est pas encore actée que les jeunes se tournent déjà vers le marché noir, ouvrant ainsi la porte à de dangereux produits de contrebande.
À l’approche de l’interdiction des puffs, le marché noir s’organise en ligne
Pour les gouvernements du monde entier, 2024 doit être l’année qui sonne la fin des puffs, ces cigarettes électroniques jetables dites « prisées des jeunes » et accusées à tort de nombreux maux. Sous couvert de protection de la jeunesse, tous souhaitent donc prohiber ces dispositifs à usage unique, à commencer par l’Assemblée nationale française, qui a voté son interdiction à l’unanimité ce 4 décembre dernier.
Si la mesure est en attente de validation par le Sénat, puis par l’Union européenne, le marché noir n’a, quant à lui, pas attendu pour prendre de l’ampleur en France. Après les cigarettes de contrebande, le pays doit donc faire face à un problème d’un nouveau genre : le marché parallèle des puffs via les réseaux sociaux.
Instagram, Snapchat, les adolescents interrogés par Le Parisien en fin d’année 2023 (1) ne sont pas inquiets. « On pourra toujours acheter nos 9K [des puffs étrangères capables de produire jusqu’à 9 000 bouffées] sur Insta et Snapchat », déclare une élève d’un lycée parisien.
Les réseaux clandestins sont en place et bien organisés. Via leurs comptes Instagram ou Snapchat, des revendeurs proposent des puffs à prix cassé, avec livraison en main propre, en bas de chez soi.
Pourtant, pour les antivapes et les médias, le problème reste le même. Il s’agit moins d’alerter sur les dangers d’un tel marché parallèle, qui pourrait conduire les jeunes à avoir accès à des produits réellement nocifs, que d’en profiter pour taper une fois de plus sur la puff, usant inlassablement des mêmes faux arguments (packaging coloré, arômes sucrés, piège de l’industrie du tabac, effet passerelle de la vape vers le tabac…) que ceux que nous a servi le gouvernement dans son plan antitabac 2023-2027.
Quand l’interdiction mène à toujours plus de transgressions et de risques
Or, le danger est bien celui-là : désormais, les adolescents pourraient avoir accès à des produits potentiellement nocifs, aux compositions non vérifiées.
Car, si les puffs « traditionnelles » achetées en bureau de tabac ou en magasin de vape ne sont rien de moins que des cigarettes électroniques « prêtes à l’emploi » – donc ni plus dangereuses ni plus addictives qu’une vapoteuse ordinaire – les puffs clandestines pourraient contenir des ingrédients non conformes ou des taux de nicotine dépassant les normes autorisées.
Que l’on se comprenne bien : l’on ne dit pas ici que les jeunes devraient continuer à avoir accès aux puffs classiques (légalement, les mineurs n’en ont déjà pas le droit). Mais plutôt qu’il existe d’autres solutions qu’une prohibition pure et dure, surtout lorsqu’elle est appuyée par des allégations et non des faits.
On le voit ici : la répression ne mène à rien de bon. Elle ne fait qu’encourager le marché noir, voire la recrudescence du tabagisme, comme c’est déjà le cas aux États-Unis.
Aussi, en préférant l’interdiction par la désinformation plutôt que la prévention par l’information, le gouvernement français n’a fait qu’ouvrir la porte à toujours plus de transgressions de la part des jeunes générations.
Non seulement la France voit déjà les effets pervers de sa mesure d’interdiction des puffs avant même qu’elle soit officiellement adoptée, mais il y a fort à parier que ces événements contribueront une fois encore à la diabolisation de la vape… plutôt qu’à une véritable discussion entre toutes les parties prenantes autour de la vraie question : celle de la réduction des risques.
Sources : « L’équivalent de 18 paquets de cigarettes : 9K, la nouvelle puff ultra-puissante qui rend accros les ados », Enquête Société Santé, Le Parisien, 01 janvier 2024 [consulté le 03/01/2024]. URL : https://www.leparisien.fr/societe/sante/lequivalent-de-18-paquets-de-cigarettes-9k-la-nouvelle-puff-ultra-puissante-qui-rend-accros-les-ados-01-01-2024-CTY7FGPQMJHPRLBK2DIUSNMJ2Y.php