Ce mardi 28 novembre, en conférence de presse, le ministre de la Santé Aurélien Rousseau a présenté les grandes mesures du nouveau programme national de lutte contre le tabac (PNLT). Un plan antitabac, mais surtout profondément antivape, qui prévoit notamment une hausse de la fiscalité, une mise en place du paquet neutre… voire une limitation des arômes autorisés !
Les grandes mesures du plan antitabac
« Le tabac est un fléau qui nous concerne tous », a gravement déclaré le ministre de la Santé Aurélien Rousseau ce mardi 28 novembre, lors d’une conférence de presse visant à présenter les grandes lignes du prochain programme national de lutte contre le tabac (PNLT) pour 2023-2027.
Après avoir justement rappelé les méfaits du tabagisme en France et ses lourdes conséquences sur les dépenses de santé publique, le ministre de la Santé Aurélien Rousseau a réaffirmé l’engagement du gouvernement français dans la lutte antitabac.
Saluant l’efficacité des mesures adoptées au cours de ces cinquante dernières années, le ministre a annoncé vouloir continuer sur cette lancée, en s’appuyant sur deux piliers fondamentaux : le renforcement de la fiscalité et des interdictions. D’après lui, leur efficacité n’est plus à prouver et fait même l’objet d’un « consensus scientifique mondial ». Ainsi, en 2018, à la suite du premier plan antitabac, la France aurait vu son taux de fumeurs reculer de presque deux millions.
Rappelons tout de même que la France compte actuellement 15 millions de fumeurs environ (31,8 %), dont 12 millions de fumeurs quotidiens (24,5 %). Un score qui la place parmi les pays les plus fumeurs de l’Union européenne, alors même qu’elle est aussi l’un de ceux qui taxe et interdit le plus…
Malgré les désastreuses conséquences que de telles politiques ont déjà eu, faisant naitre un marché noir d’ampleur inédite, le gouvernement français y croit dur comme fer : il ne faut rien changer !
Des grandes mesures antitabac annoncées par le ministre de la Santé ce mardi 28 novembre 2023, on compte celles-ci :
- Une hausse du prix du tabac : le paquet de cigarettes passera à 12 euros en 2025, puis à 13 euros en 2026 ;
- Une généralisation des espaces sans tabac : fumer sur une plage, dans un parc public, une forêt ou encore aux abords des écoles et autres établissements publics ne sera plus permis ;
- Un renforcement des contrôles sur les interdictions de vente aux mineurs et des achats hors circuit et transfrontaliers ;
Et enfin, afin « d’accompagner les fumeurs plutôt que les culpabiliser », M. Rousseau entend également renforcer l’accessibilité des traitements disponibles en permettant aux pharmaciens de prescrire directement des substituts nicotiniques (TSN).
Les autres produits à la nicotine (vape, puff, pouche…), quant à eux, sont tout simplement diabolisés : ils ne sont là que pour inciter les jeunes à fumer, et il est donc du devoir du gouvernement français de « diminuer leur attractivité »…
Antitabac… et antivapotage
L’on aura rarement vu autant de désinformation sortir de la bouche d’un ministre français.
Surfant sur la problématique des puffs, qui sont en passe de devenir interdites sur tout le territoire (le vote à l’Assemblée nationale est prévu dès début décembre, celui du Sénat, s’il a lieu d’être, début janvier, pour une mise en application probable dès l’été 2024), M. Rousseau a tout simplement réduit l’ensemble des produits à la nicotine, dont la vape, à des produits « colorés et ludiques » nés pour cibler « clairement les jeunes et même les très jeunes à grand fort de marketing ».
Son message est très clair : il faut « protéger nos concitoyens de ces produits qui mènent au tabagisme et ne sont pas des substituts », affirme-t-il. Un discours qui s’inscrit en totale contradiction avec les études scientifiques réalisées depuis 15 ans, qui confirment toutes l’efficacité des produits tels que la vape dans le sevrage tabagique et qui réfutent, l’une après l’autre, cette fameuse théorie de l’effet passerelle qui veut qu’un non-fumeur devienne fumeur après s’être initié à ces produits sans combustion.
Si le ministre dit s’appuyer sur des « données fiables et indépendantes » et vouloir continuer à s’appuyer sur les recherches scientifiques, « nos meilleurs alliés », a-t-il indiqué, il semble bel et bien les avoir oubliées ou ignorées lors de la rédaction de ce nouveau plan antitabac, qui se veut précisément antivape.
En plus de l’interdiction prochaine des puffs, prévue par la proposition de loi transpartisane du 4 juillet 2023 et réaffirmée par la Première ministre le 3 septembre dernier, le PNLT prévoit ainsi :
- L’harmonisation de la fiscalité du tabac à tout produit assimilé ;
- La mise en place du paquet neutre ;
- Le renforcement de la surveillance épidémiologique, « afin d’assurer une cohérence de la réglementation dès qu’un nouveau dispositif se présente », notamment avec ces fameux sachets de nicotine qui dérangent tant (malgré le fait qu’ils ont permis à nos voisins suédois d’atteindre leur objectif sans tabac 17 ans avant tous les autres pays membres…) ;
- Et pourquoi pas, la limitation des arômes autorisés.
Autrement dit, c’est officiel : pour le gouvernement français, la vape est une menace plus qu’une aide. Nos décideurs politiques ont choisi : la France ne sera pas un pays de réduction des risques.
Faire front commun devient capital si l’on ne veut pas voir des milliers de vapoteurs privés d’un aussi merveilleux outil – et retourner vers le tabagisme, comme le craignent les consommateurs interrogés par l’IFOP et JSV en juin dernier !
Ensemble, il nous faut montrer une meilleure voie : celle qu’ont déjà prise la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni et qui a permis à la Suède de tomber à 5 % de fumeurs seulement !