Quand il s’agit de lutter contre le tabagisme, la Nouvelle-Zélande a de la suite dans les idées. Son pari : augmenter chaque année l’âge légal permettant de fumer et baisser le nombre de vendeurs de tabac, afin que les générations, nées après 2008, n’allument jamais une cigarette. Un coup de génie ?
Le contexte
La Nouvelle-Zélande fait partie depuis longtemps des pays les plus stricts en matière de lutte contre le tabac. En 2011 déjà, elle affichait clairement son objectif « 2025 sans tabac », devenant ainsi l’un des leaders du combat.
Aujourd’hui, 8% de sa population fume. Un taux relativement faible mais qui ne satisfait pas pour autant le pays, bien décidé à atteindre les 5 % d’ici 2025. Tel est l’objectif du texte “Environnements sans tabac”, adopté ce 13 décembre.
Un concept innovant
La loi est désormais inscrite au Parlement : l’âge auquel il est autorisé de fumer sera bel et bien augmenté chaque année. Autrement dit, l’âge légal, fixé à 18 ans, sera relevé d’année en année, jusqu’à s’appliquer à l’ensemble de la population. Dès 2023, ce seront les personnes nées après 2008 qui auront la primeur de l’interdiction. Et ce, pour le restant de leurs jours.
La Nouvelle-Zélande met ainsi actuellement en place les fondations de ce qui deviendra, dans peu de temps, une interdiction quasi-totale de fumer dans le pays. D’autant que les cigarettes délivreront, en prime, une quantité de nicotine réduite et seront de plus en plus difficiles à trouver… Le nombre de boutiques autorisées à vendre des produits du tabac sera en effet divisé par dix et ainsi réduit à 600…
Pour la ministre Ayesha Verrall, il s’agit là d’une étape primordiale“vers un futur sans tabac” : “Des milliers de personnes vont vivre plus longtemps et en meilleure santé, et le système de santé bénéficiera de 5 milliards de dollars néo-zélandais (3 milliards d’euros) en n’ayant pas à traiter les maladies provoquées par le tabagisme, comme de nombreux types de cancers, des crises cardiaques, des accidents vasculaires cérébraux et des amputations”.
La Nouvelle-Zélande mise sur la vape
La Nouvelle-Zélande a bien compris que vouloir arrêter de fumer était une chose, y arriver en était une autre. Et pour aider ses fumeurs, le gouvernement a choisi de promouvoir la vape comme outil de sevrage tabagique.
En 2019 déjà, le Vaping Fact, un site dédié au vapotage et soutenu par le ministère de la Santé, était lancé. L’objectif : informer et rassurer la population sur l’utilisation de la vape comme produit à risque réduit et aide au sevrage.
Instauré en 2021, c’est au tour du programme « Vape to quit strong » de voir le jour. Une opération qui a permis au pays de connaître la plus grande baisse de tabagisme de son histoire, avec une consommation quotidienne passant de 12 % en 2020 à 9 % en 2021. Le pays compte dès lors près de 6 % de vapoteurs, qui illustrent à merveille l’efficacité de la vape et la réussite de la Nouvelle-Zélande à aider ses citoyens. Ce que confirme la Première Ministre Jacinda Ardern : « Nous voyons déjà que le vapotage est utilisé par les gens pour arrêter de fumer… Nous savons qu’il fait une différence pour ceux qui veulent maintenant arrêter de fumer, c’est un outil important ».
Ce qui est nouveau ici : le gouvernement n’est pas seulement dans une démarche d’interdiction ou de taxation des produits tabagiques. Bien au contraire, de réelles solutions sont proposées pour accompagner les fumeurs. C’est ce qu’explique le Pr Robert Beaglehole, président d’Action for Smokefree 2025 : « Nous avons beaucoup poussé, stigmatisé, pénalisé les fumeurs de cigarettes. Maintenant, nous nous occupons de les aider, de les soutenir, de leur permettre d’arrêter plus facilement et de passer à des produits moins nocifs. Le nouveau plan est vraiment un game changer ».
Pari osé mais déjà à demi gagné pour la Nouvelle-Zélande, qui affiche un taux de tabagisme en forte diminution, grâce à la promotion de la vape et de mesures radicales en matière de tabac. Et si la France en prenait de la graine ?