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Alliance Contre le Tabac a encore frappé

Le mois sans tabac approchant à grands pas, l’Alliance Contre le Tabac a dû se dire qu’il était de bon ton de prendre la parole. Et, hop, en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, le Président du collectif d’associations contre le tabagisme, Loïc Josseran, a pris d’assaut nos quotidiens et autres matinales télé. Son message de la plus haute importance ? Il faut interdire la vente des Puffs aux mineurs, et au plus vite ! Mais c’est déjà le cas, non ?!

Des attaques récurrentes d’Alliance Contre le Tabac

Ce mardi 25 octobre, le Professeur de santé publique, Loïc Josseran, s’est exprimé dans « Le Parisien » à propos des Puffs. Entre mauvaise foi et interprétations hâtives, tout est là pour l’acte final : la demande de l’interdiction pure et dure des vapoteuses jetables. Il faut dire que si nous n’étions pas un tout petit peu calés en vape, nous aurions pris peur, nous aussi, en l’écoutant mercredi sur Télématin face à Julia Vignali. Mais, lorsque la présentatrice lui a demandé si la vape était une aide efficace au sevrage, l’entendre répondre ne pas être venu pour parler de cela nous a sortis de notre torpeur. Un brin énervés.

La vapoteuse qui intoxique la jeunesse

“Un piège”, “une bombe à retardement sanitaire”… Ce qui est sûr, c’est que notre homme a le sens de la métaphore. Pour le contenu, on est moins sûr.

En effet, il cite une étude, commandée par l’Alliance contre le tabac, affirmant que 13 % des jeunes de 13-16 ans ont déjà testé la vape et 9 % ont déjà pu acheter la fameuse cigarette électronique jetable pourtant interdite aux mineurs. Très bien. Mais la vraie question n’est-elle pas de savoir combien de jeunes vapotent quotidiennement ? Pour cela, il faut jeter un coup d’œil au rapport de l’OFDT sur le tabagisme de 2021. Là, surprise, “l’usage quotidien de la cigarette électronique reste relativement rare” et ne concerne que 2,8% des élèves de 3e. On est loin de « l’épidémie » annoncée par les médias en quête de sensationnalisme ou Loïc Josseran lui-même, qui affirme que « La moitié des adolescents qui ont entendu parler de la Puff disent qu’elle est utilisée avant tout dans l’enceinte scolaire. Certains professeurs pensent qu’il s’agit d’un stylo fluo. À l’odeur, on la confond avec un chewing-gum. » De mieux en mieux.

Une jeunesse biberonnée aux arômes et à la nicotine

Pour l’ACT, les arômes sucrés, tels que les fruits rouges ou l’arôme pêche sont dangereux. Pire, la Puff et ses parfums ont été inventés pour rendre accrocs les enfants qui, en grandissant, jetteront leur dévolu sur de nouvelles saveurs, telles que whisky, vieux rhum, mojito…

On le sait bien, cette obsession pour les arômes n’est pas récente, les anti-vapes les accusent d’attirer les enfants et souhaitent les interdire depuis belle lurette. Si cette réglementation touche de plus en plus de pays, comme la Finlande, la Hongrie ou la Suède, une étude américaine publiée en mai 2021 démontre qu’elle a déjà engendré une augmentation du tabagisme chez les jeunes dans plusieurs états américains où elle était instaurée… Bon nombre de médecins ont alors exprimé leur inquiétude, déplorant que cette interdiction signe un retour au tabac. Privés d’arômes, les vapoteurs éprouvent moins de plaisir à vaper, et sont davantage tentés de se tourner vers le tabac.

Mais revenons aux propos de Loïc Josseran, dans Le Parisien. « À ses débuts en France, en 2020, la Puff, vendue sans nicotine, avait une capacité limitée de 300 ou 600 bouffées, l’équivalent d’un à deux paquets de cigarettes. Aujourd’hui, on en trouve jusqu’à 2 000 bouffées, à des prix plus élevés, parfois 10 €, avec 0,7 %, 0,9 %, voire 5 % de nicotine. » Des dosages suffisamment importants pour s’accoutumer à la substance et risquer, selon Loïc Josseran, de nombreux soucisde santé, la vape augmentant “les risques de développer une inflammation des voies respiratoires et affectant les acquisitions cognitives des plus jeunes.”

La théorie de l’effet passerelle, encore et toujours

Convaincu de faire mouche, Loïc Josseran  affirme aussi que, parmi les adolescents qui vapotent, près de 30 % ont commencé par la Puff et qu’environ 20 % se sont ensuite tournés vers une autre forme de produit du tabac. On l’attendait, on y est et on n’est pas déçus : la fameuse théorie de l’effet passerelle.

A quand la fin de cette idée, absolument non fondée, selon laquelle les jeunes vapoteurs deviendraient des fumeurs ? Plusieurs études ont beau avoir expliqué que la cigarette électronique n’était pas une porte d’entrée vers le tabagisme, rien ne stoppe le fiel des anti-vapes. Pas même une étude de l’INSERM de 2020, concernant les 17-18 ans, qui conclut que vapoter ne conduit pas à fumer, 81% des adolescents primo vapoteurs ne devenant pas des fumeurs à leur majorité. Mieux : on constate une réduction de 42% du risque de fumer à 18 ans chez les jeunes ayant commencé par vapoter. Et dans les pays où la vape est démocratisée, on note même une chute du tabagisme chez les adolescents. Pour le pneumologue Dautzenberg, “la vape est surtout en concurrence avec le tabac et l’effet passerelle est plus une crainte qu’un fait”.

Et si l’Alliance Contre le Tabac se trompait de coupable ?

Parue dans Public Health Nursing, une étude venue de Corée du sud rapporte que les jeunes vapoteurs réguliers sont exposés à un tabagisme passif dans leur cercle proche. En somme, ce n’est pas la Puff qui influence les ados, mais plutôt des facteurs interpersonnels et environnementaux… 

Ne nous trompons donc pas de combat. La vape est, et doit rester un outil de sevrage tabagique. Et à ce jour, elle est l’outil le plus performant du marché, n’en déplaise à ses détracteurs. La diaboliser ne sert pas la cause et ne nous inspire qu’une question : que fait l’ACT des 28% de mineurs qui, à 17 ans, sont des fumeurs quotidiens ? Si l’on suit sa logique, il faudrait interdire les cigarettes, voire fermer les bureaux de tabac…

Force est donc de constater que les arguments de l’ACT ne tiennent pas la route. Si notre seul point d’accord est bien que la Puff est une hérésie écologique, contre laquelle l’industrie de la vape semble chercher des solutions, la vape est en réalité l’opportunité pour les jeunes de ne pas tomber dans le piège du tabac. Pour le Professeur Dautzenberg, elle les en a même éloignés, renvoyant la cigarette à sa véritable nature, celle d’un produit malsain et dangereux.


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