L’OFDT, l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives vient de publier son rapport sur le tabagisme et l’arrêt du tabac en 2021. Ce rapport détaille l’état de la consommation et du marché du tabac en France et ses impacts sanitaires et sociaux. Dans ce bilan, une petite partie est consacrée à la cigarette électronique, voyons cela.
Le rapport OFDT sur le tabagisme
La première partie de ce rapport aborde l’offre et le marché du tabac. L’évolution des ventes de tabac est en baisse de 6.6 % à jours constants. Le chiffre d’affaires global du tabac baisse de 1,2 % et atteint 21,6 milliards d’euros en 2021, contre 21,9 Md€ en 2020, mais reste supérieur à 2019 et 2018 (19,4 Md€ en 2019 et 18,1 Md€ en 2018).
Dans une seconde partie, sur les usages des produits du tabac, le rapport de l’OFDT précise que le tabagisme quotidien en 2020 concerne 26 % des 18-75 ans (29 % des hommes et 22 % des femmes). La consommation moyenne est de 13 cigarettes par jour (11,7 pour les femmes et 14,1 pour les hommes).
La France continue d’afficher une prévalence tabagique quotidienne parmi les plus élevées d’Europe occidentale, notamment chez les femmes enceintes : avec 25 % d’usage quotidien, elle se situe au 7e rang des pays les plus touchés par le tabagisme actif pendant la grossesse.
La prévalence du tabagisme quotidien en 2020 varie du simple au double selon le niveau de diplôme, de 35,8 % parmi les personnes n’ayant aucun diplôme à 17,3 % parmi les titulaires d’un diplôme supérieur au baccalauréat.
Dans la dernière partie consacrée aux conséquences sanitaires et sociales, l’OFDT rappelle entre autres qu’ entre 2000 et 2015, la proportion des décès du tabac est en légère baisse pour les hommes, tandis que cette même proportion augmente continuellement pour les femmes (de plus de 5 % par an en moyenne).
La cigarette électronique et les adolescents
Dans la partie consacrée aux usages chez les adolescents, le sujet de la cigarette électronique est abordé dans un seul paragraphe intitulé : usage de la e-cigarette.
Voici le texte in extenso :
Les derniers résultats du Baromètre santé de Santé publique France montrent que, en 2020, 37,4 % des 18-75 ans ont expérimenté la cigarette électronique, proportion en hausse par rapport à 2019. L’usage actuel était déclaré par 5,4 % d’entre eux, tandis que l’usage quotidien concerne 4,3 % des adultes (proportion stable par rapport à 2019, mais en hausse par rapport à 2014).
Chez les adolescents, les résultats d’EnCLASS 2018 témoignaient d’une hausse de l’expérimentation de la cigarette électronique. Elle s’est accrue chez les lycéens de 17 points par rapport à 2015 (de 35,1 % à 52,1 %). En outre, 9,8 % des lycéens l’ont expérimentée sans avoir fumé de cigarette auparavant, alors qu’ils n’étaient que 3,7 % dans ce cas en 2015 (ce phénomène concerne 4,9 % des collégiens en 2018). De la même manière, 5,6 % des lycéens déclarent avoir fumé une cigarette électronique au cours du mois sans avoir fumé de tabac (7,0 % des garçons ; 4,2 % des filles), contre 2,7 % trois ans auparavant. Ces résultats suggèrent que la pratique de la cigarette électronique tendrait, aujourd’hui, à se dissocier de plus en plus de l’usage de tabac en population adolescente.
Ce dernier point a été confirmé par les dernières données EnCLASS chez les élèves de 3e qui montrent que, contrairement au tabac, les niveaux d’usage de cigarette électronique sont restés stables entre 2018 et 2021. Pour la première fois en population adolescente, ils sont désormais plus élevés que pour le tabac, que ce soit en termes d’expérimentation (34,2 %) ou d’usage récent (13,9 %). L’usage quotidien de la cigarette électronique (2,8 %) reste toutefois relativement rare. Par ailleurs, si la proximité de la cigarette électronique et de l’usage de tabac reste importante (près de 1 élève sur 4 a déjà fumé un produit du tabac et déjà « vapoté » une e-cigarette), son expérimentation exclusive progresse elle aussi sensiblement, passant de 5,1 % en 2018 à 8,0 %.
Enfin, une version limitée de l’enquête ESCAPAD menée en 2019 (enquête dont l’échantillon se limite à quelques milliers d’individus sur un sujet spécifique) a mis en évidence que peu d’adolescents étaient en mesure de préciser s’ils avaient utilisé un e-liquide avec nicotine ou non (Chyderiotis et al., 2019).
À la lecture de ce graphique, il apparait que l’expérimentation des produits du tabac est en baisse chez les adolescents, passant de 48.7 % en 2018 à 43.4 % en 2020 et ce malgré une hausse d’expérimentation exclusive de e.cigarette. Chez Oneshot, on se réjouit de cette baisse. Comme pour beaucoup d’addictologues, nous préférons qu’un adolescent expérimente la vape, plutôt que la cigarette… Même si le mieux, c’est de ne pas commencer à fumer ou à vaper !
Une phrase de ce rapport de l’OFDT nous interpelle aussi : » L’usage quotidien de la cigarette électronique (2,8 %) reste toutefois relativement rare. » Avec 2.8 % d’utilisation quotidienne, on est loin de « l’épidémie » annoncée par les médias en quête de sensationnalisme ou par certains « anti-tabacs » extrémistes.
