William Lowenstein, addictologue, président de SOS addiction, est un défenseur convaincu de l’intérêt que représente la cigarette électronique dans la lutte contre le tabagisme. Dans une interview publiée le 6 janvier 2022 sur le site de Libération, il nous livre son avis sur l’avis défavorable à la vape rendu par le Haut Conseil de Santé Publique.
Le HCSP a en effet indiqué que la cigarette électronique ne doit pas être proposée comme outil de sevrage du tabac par les professionnels de santé, faute de recul sur ses bénéfices et ses risques dans un nouvel avis publié le 04 janvier, alors que jusqu’à ce jour, ce même organisme estimait que la cigarette électronique pouvait « être considérée comme une aide pour arrêter ou réduire la consommation de tabac ».
Ce nouvel avis stipule que :
« Les professionnels de santé qui accompagnent un fumeur dans une démarche de sevrage tabagique se doivent d’utiliser des traitements médicamenteux ou non ayant prouvé leur efficacité ».
« En particulier, le HCSP souligne que les connaissances fondées sur les preuves sont insuffisantes pour proposer les SEDEN (système électronique de délivrance de la nicotine) comme aides au sevrage tabagique dans la prise en charge des fumeurs par les professionnels de santé. »
Extraits choisis de l’interview du Dr William Lowenstein :
Comment expliquez-vous les réticences des autorités françaises autour du vapotage ?
« Nous faisons face aux mêmes réticences éternelles […] Les gens se braquent dès que les solutions ne leur semblent pas parfaites et vont jusqu’à inventer des choses dangereuses […] Cet avis, c’est l’illustration d’une volonté de mener une guerre propre, sans le moindre risque, alors que la situation s’aggrave. La politique de sevrage radical, c’est la tyrannie de l’idéal et cette stratégie n’obtient que de faibles résultats. Il faut être responsable. Le principe de précaution existe autour de la vape, mais il est dépassé par la nécessité d’éviter 75 000 morts par an. Il faut rappeler que c’est la combustion qui tue un fumeur sur deux, pas le tabac ni la nicotine. […] »
Quel modèle de santé publique vis-à-vis du tabac devrions-nous adopter selon vous ?
« En Angleterre la vape est au cœur de l’aide au sevrage tabagique. On ne peut pas dire que le Royal College of Physicians était irresponsable lorsqu’il a déclaré il y a cinq ans que la vape entraînait 95 % de risques en moins en comparaison avec la cigarette […] La cigarette électronique fait partie intégrante des modalités de santé publique […]
C’est l’acceptation de la réduction des risques et pas simplement la vision française du «tout ou rien» […] Plutôt que de faire l’information autour de cet outil, de dire qu’il faut se faire suivre par un médecin, on préfère le descendre. »
« […] Les gens qui vapotent ne pensent même plus à fumer. Cela fait quarante ans que la majorité des fumeurs qui souhaitent stopper la cigarette n’y arrivent pas via les moyens classiques. Depuis trois ans, la vape est la principale voie de sortie du tabagisme et a permis à plus de 2 millions de personnes d’arrêter totalement la clope. Ce n’est pas rien. »
Retrouvez l’intégralité de cette interview en suivant ce lien.