Quel modèle pour la vente future de Cannabis récréatif en France ?
Si Outre-Atlantique on a vu en une décennie le cannabis récréatif et médicinal se démocratiser dans la société, en Europe, le sujet reste encore « secret ». Tout le monde sait que le produit existe, il est simple à trouver dans la rue, même si en qualité aléatoire pour le consommateur.
Un peu partout en Europe depuis quelques années, et depuis quelques mois en France, on voit fleurir des boutiques de « cannabis légal ». Il faut comprendre de cette dénomination : l’herbe qui ne défonce pas, sans principe psychoactif, le THC, mais contenant du CBD, aux effets plutôt relaxants.
Les vertus du CBD sont de plus en plus louées par ses utilisateurs aux profils multiples, créant de nouveaux adeptes de la plante bannie il y a quelques décennies de nos sociétés.
Si cet aspect du marché semble bien faire son bout de chemin eu Europe auprès du grand public, l’étape d’après semble inéluctable : les états européens doivent libérer le cannabis récréatif d’ici quelques années. Sous prétexte de contrôler la qualité pour les consommateurs, ils génèreront de fortes rentrées d’impôts pour ce produit qui sera fortement taxé.
Alors quels modèles peuvent mettre en place les Etats européens pour organiser le marché à venir ?
Le Cannabis médicinal
Depuis plus de 10 ans dans de nombreux Etats américains et au Canada, ce sont des médecins qui prescrivent du cannabis. Tout est alors prétexte au mal de dos, de tête ou troubles du sommeil pour se procurer l’herbe magique. D’un point de vue distribution, ce sont uniquement des officines qui distribuent le produit.
Dans d’autres pays comme le Luxembourg, la Belgique, et récemment la France, c’est la première étape de la diffusion du THC à la population.
Le Coffee shop hollandais
La situation est assez hypocrite et difficile à gérer pour les tenanciers de ces cannabistrots. Maximum de détention au sein de l’établissement, traçage des approvisionnements, limitation des cultures, les embûches ont été et sont encore nombreuses pour ce commerce malgré les apparences d’un week-end à Dam’.
Les Officines d’Etat
Comme depuis près de deux ans au Canada, le médicinal a été rejoint par le récréatif : on trouve de l’herbe dans des magasins spécialisés. Si la situation est différente dans les différentes Provinces du Canan, au Québec, c’est l’exclusivité de la SQDC, Société Québécoise Du Cannabis, organe d’Etat, de distribuer le Cannabis récréatif. Découvrez toute la situation du cannabis au Québec dans notre dossier complet Reportage Oneshotmedia – Du Cannabis au Canada.
Si cette option était celle choisie pour la France, les bureaux de tabac, déjà collecteurs de taxes, seraient en première ligne pour la distribution. L’herbe CBD a d’ailleurs déjà envahi le réseau des buralistes français. Ils ont pris un retard sur la vape, qu’ils semblent déterminés à ne pas laisser pour ce nouveau marché porteur.
Les Cannabis Social Clubs à l’espagnole
En Espagne, on trouve depuis de nombreuses années des clubs de cannabis. Pour trouver ces Cannabis Social Clubs, il faut chercher un peu sur le web. Ces clubs ne peuvent faire aucune promotion ou publicité de leurs services, ils n’ont pas de clients, mais que des membres.
Pour devenir membre vous devrez être introduit par un autre membre et signer une décharge. Une sorte de partage des sanctions en cas de problème, mais comme tolérance il y a, il n’y a pas de problème.
Ce système de clubs existe déjà en Espagne pour beaucoup de choses, notamment dans les villages, ou entre amis, pour mettre en commun nourriture, boissons, achats ou voyages. On pourrait les comparer à des associations à but non lucratif en France, mais c’est encore un peu différent, plus libre en gestion.
Même s’il semble peu probable que ce système soit accepté par l’Etat français, découvrez la situation des Cannabis Social Clubs en Espace dans notre article .
Alors quelle situation future pour l’herbe qui fait rire en France ? Le produit se démocratisant et ayant des applications multiples grand public, il sera difficile de le rendre moins accessible que l’alcool par exemple, qui en substance cause plus de ravage que le THC. Une petite licence qui permettra à tout commerçant qui en est muni de distribuer le produit ? Ainsi buralistes, vapeshops et shops spécialisés diffuseraient l’offre. Et une partie médicinale, prescrite par des médecins et délivrée par les pharmacies ? Ce schéma serait idéal pour tous, mais il y aurait plus simple pour l’Etat collecteur de la future taxe d’accise THC : les buralistes. Ils collectent déjà la taxe pour le tabac, nul doute que la confédération militera en ce sens.
L’étape est d’ores et déjà bien engagée pour le cannabis médicinal en France, première marche de la légalisation générale. Mais étant la plus grosse population consommatrice de THC en Europe, l’étape du récréatif semble devoir à l’évidence se profiler dans la foulée. Quelque-soit le modèle, le bénéfice sera réel pour les consommateurs face à la qualité aléatoire du cannabis dans la rue. A suivre…